lundi 23 décembre 2013

Solstices.. Le jour où j'ai été raciste





Ce sont les solstices et les équinoxes qui ont parfois un effet funeste (ou disons de lâchage) chez la bête mal civilisée (en le cas, moi). Anecdote.

Clamart, que j'ai retrouvé récemment, est actuellement culturellement très sinisé : beaucoup de tabacs, de restaus, (excellent du reste pour l'un d'entre eux que je ne citerai pas) ou de magasins type "Clamart pas cher" (bien que les produits soient de piètre qualité, il n'y a que là que l'on peut trouver des cassettes vierges pour dictaphones par exemple).. sont tenus par des asiatiques. Chinois je pense (?) peu importe. Parlant parfois un français approximatif, mais d'autres fois au contraire quasi parfait, bravo, le français est une des langues les plus difficiles.. [le mandarin, fût-il simplifié (!) l'étant encore davantage, pour eux, c'est peut-être un jeu d'enfant.] Pas toujours aimables certes mais après tout ils ont le droit : leurs affaires marchent du feu de Dieu, ils sont toujours les premiers ouverts et les derniers fermés, bossent même le dimanche et les employés (dit-on surexploités) doivent faire leurs 50- 60 heures au moins, les patrons, idem. Bref, ayant repéré autrefois un article dont j'avais besoin pour une installation -que j'enverrai ici dès qu'elle sera terminée- (du PQ tout simplement, mais avec imprimé dessus, des billets de banque du plus bel effet*) je m'arrête avec Yok (mon chien, en laisse) et nous entrons. Précision: le temps est humide, une légère bruine, le trottoir est mouillé... et il n'y a aucun renfoncement à l'abri où le caser. Des cartons certes inesthétiques mais efficaces, partout dans le couloir encombré protègent les pavés et après être passés dessus, on ne fait plus de traces. Pas plus Yok que moi.

Je ne pénètre pas dans les rayons de la boutique (fort vaste) mais m'arrête devant la caisse et demande simplement au planton- vigile- homme de peine- garde du corps.. posté devant s'il a toujours le truc. Premier miracle à saluer bien bas : il comprend et parle à présent le français (ce n'était pas le cas il y a trois mois, un sur-doué sans doute malgré son apparence de croisement rottweiller-staff.) --Non, il y en a plus." -- Et vous n'auriez rien d'autre d'équivalent, de pareil?" C'est là que la petite dame de la caisse (la patronne? -qui elle fait plutôt carlin-pékinois- mais qui par contre n'a fait aucun progrès) penchée, en train de compter ses sous, lève la tête et, toisant Yok, m'ordonne fortement avec son accent très prononcé :
-- CHIEN, DEHORS! PAS AIMER CHIEN ICI." Oh mais zut! Pourkielseprenlachintok? ce n'est pas formulé bien sûr mais c'est un archétype resurgi de loin qui affleure subrepticement en moi, descendante de.. plusieurs générations de gens de bien, humanistes cultivés aimables et bien-disant..
-- MOI PAS AIMER "GENS PAS AIMER CHIENS"" lui renvoie-je aussitôt, imitant grossièrement son accent.. avec une petite leçon en prime à voix (très) haute :"Vous êtes en France ici, que vous y soyez parce que ça vous arrange, très bien, ça nous arrange aussi bien souvent, mais ICI Y A CHIENS, faudra vous y faire... ou retourner où Y A PAS CHIEN et où MOI PAS ALLER AVEC CHIEN. Compris?" 

Mmm.. raciste? Oui, sans doute puisque je n'aurais pas pu tenir de tels propos si elle n'avait été asiatique et que j'ai bassement profité de ma supériorité (facile) de cliente et surtout de mon aisance dans le maniement d'une langue mienne et non sienne pour la coller museau au sol comme Yok quand il a fait pipi sur la moquette. Inélégant disons. Au lieu de la jouer longanime, "noblesse oblige" (c'est sa culture etc..) je l'ai joué petit, "noblesse ratatine" (retourne dans ta savane où on bouffe des chiens). Les solstices! Avec une leçon en prime : "Ils sauvent dix fois plus de vies humaines qu'il ne coûtent d'accidents. Vous avez 9 chances d'être sauvée par un chien et une seulement attaquée par un chien.." approuvée je dois dire par des clientes attirées par l'algarade.. J'ai eu la méchanceté (non calculée) de demander (euh.. presque d'ordonner, avec le sourire certes mais sur un ton très Nini** -grande bourgeoise s'adressant à un valet-) que l'on m'apportât le truc "qui ressemblait" puisque je ne pouvais franchir la ligne fatidique (un monopoly, mais ça ne collait pas) sachant par avance que je le refuserai.. enfin pas sûr, mais donner 1 E à "MOI-PAS-AIMER-CHIENS" m'eût à coup sûr fichu la chiasse.



Une observation (ce n'est pas pour me justifier.. quoique..) Je ne suis pas genre brushing-tailleur-chaussures-vernies assez courant à Clamart mais plutôt bonnet survêt baskets.. et il est arrivé que l'on me prenne pour une SDF, quand je reviens du bois et que par exemple j'ai glissé dans la boue, (mon fils me dit que je fais de plus en plus "Zézette épouzixe".) Il arrive donc parfois (rarement) que certains en profitent pour me traiter avec la condescendance appuyée qu'ils réservent à ceux qui ne comptent pas.. que mes réactions déstabilisent : il y a erreur de didascalie, zut, on s'est gourés.. Quelque fois ils rectifient comiquement le tir, telle cette bourgeoise énervée au supermarché qui, alors que je rangeais péniblement mes emplettes dans un sac à dos (pourtant d'excellente marque) avec à mes côtés mon casque, tentant de prendre le public à partie, s'était exclamée à tue-tête : "moi quand ça m'arrive, au moins je dis 'je m'excuse''' et à qui j'avais répondu sans lever les yeux "et en ce cas vous êtes deux fois impolie".. Se transformant après trois secondes de sidération en élève prise en faute, elle s'était justifiée (!) : "Euh.. oui je sais, on ne doit pas dire "je m'excuse" mais c'est une erreur qu'on fait souvent, bien excusable." (!)


* Attention ! Ne pas utiliser pour l'usage prescrit, l'encre est toxique, surtout pour le cucul ou les zigounettes. Risque de chaude pisse mahouse.


** Une de mes tantes côté chic, pas côté cul terreux (je suis un croisement) femme d'exception certes mais qui ne l'ignorait pas et tenait à être traitée comme telle.


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