vendredi 30 mai 2014

Dossier : Inde, le système des castes

Le système des castes dans la société indienne hindouiste divise les populations en groupes étanches et irrémédiables, héréditaires, endogames et hiérarchisés; il trouve son origine dans la croyance en la réincarnation et au karma. Selon ses actes accomplis dans une vie antérieure, l'homme se réincarnerait en une caste ou une autre : les plus basses étant constituées d'individus au passé détestable.

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Le terme d'origine occidentale (pur, non mélangé) désigne deux concepts différents mais liés : le varna (couleur; position dans la société, travaux "réservés") et la jati, (la naissance), le premier se fondant sur le second. Le système des castes est aboli en 1950 : l'article 15 et 17 de la Constitution de l'Inde présidée par le leader intouchable Ambedkar interdit les discriminations fondées sur les castes, (délit punissable) mais celles-ci continuent de jouer un rôle majeur dans la société contemporaine. Aucun citoyen ne sera, sur la base de la religion, de la race, de la caste, du sexe, du lieu de naissance.. sujet à une incapacité, responsabilité, restriction ou condition par rapport à l’accès aux magasins, restaurants publics, hôtels et lieux de divertissement public ; à l’usage des puits, réservoirs, routes et lieux publics entièrement ou partiellement entretenus par les fonds de l’État.. Mais déjà, le principe de quotas (sièges, postes et places réservés pour certaines catégories de la population indienne, assemblées élues, fonction publique et universités) pour les Dalits avait été mis en place pendant la colonisation. Un "progrès" ambigu.

Les varnas
 
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Les personnes et leur rôle dans la société sont rigoureusement inscrits en fonction de leur varna c'est à dire leur groupes hiérarchisés : les Brahmanes ou prêtres ; les Kshatriyas ou guerriers* ; les Vaishyas, principalement des marchands ; les Shudras ou serviteurs. (Il y a de multiples subdivisions au sein de ces groupes principaux.) À ces quatre catégories s'ajoutent les Dalits, encore appelées Intouchables, qui se situent en dehors du système. Un système clairement raciste puisque par exemple un homme de caste de Kshatriya reste plus élevé que les autres castes – à l'exception des Brahmanes – même si son mode de vie est moins pur (non végétarien par exemple).

Les jatis.

Si les varnas existent de manière universelle dans toute l'Inde, les Indiens – à l’exception notable des Brahmanes (tu m'étonnes!) – y font assez peu référence : c'est généralement des jatis dont il est question quand on parle de caste. Les caractéristiques d'une caste sont ainsi l’endogamie (l’interdiction du mariage en dehors de la caste) et la spécialisation professionnelle.

Les notions du pur et impur sont à la base d'une stricte hiérarchie des castes. Certains événements, comme les décès ou les naissances, ou certaines activités, comme le travail de la peau, sont considérés comme particulièrement impurs. Ainsi, la caste chargée d’évacuer et d’équarrir les bêtes mortes est considérée comme très impure, à tel point qu’un hindou d’une caste supérieure ne pourrait toucher ou boire la même eau qu’un de ses membres : c’est l’origine de l’intouchabilité. Au sommet, les Brahmanes, prêtres et érudits, et, tout en bas de l'échelle, les Intouchables, chargés des tâches "impures" (ce système hiérarchique varie d'une région à l'autre : une profession, peut être considérée comme pure dans une région et impure dans une autre et, ainsi, ceux qui la pratiquent occupent une place différente dans la hiérarchie. Mais ces variations de Jatis s'inscrivent toujours dans le système de varna : comme nous l'avons vu, un Kshatriya reste plus élevé même si son mode de vie est moins pur. La hiérarchie sociale n'est cependant pas totalement figée : les luttes de pouvoir dans l'histoire montrent qu'il est possible pour une caste de se déplacer dans la hiérarchie. La richesse joue également un rôle : au Penjab par exemple, ce sont les Jats, une caste agricole, qui dominent la société.

Note : la caste est comparable aux états de la France de l’Ancien Régime ; c'est une classe sociale mais distincte et se refermée sur elle-même et justifiée par la "naissance" et irrémédiable. Raciste, ce système est le pire qui soit.
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La colonisation britannique. Au XIXe siècle, c'est l'époque des théories qui classent les populations en fonction de la taille ou forme de leur crâne et surtout des actes -et tares- supposés de leurs ancêtres historiques (!) Cf Zola.. De fait, les colons s'inscrivent dans le système en le modifiant légèrement selon leur intérêt. En 1890 l'armée britannique des Indes est organisée sur la base de races martiales (sikhs ou Rajputs) et l’attribution des terres est réservée aux castes agricoles à l’exclusion des plus basses; pire, le Criminal Tribes Act (1871) introduit la notion de criminels "professionnels" raciaux. 

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Dans les années de l'indépendance, Ambedkar (lui-même dalit) prend la tête du mouvement de défense des Intouchables, critiquant radicalement l'hindouisme, invitant à rejeter les enseignements et l’autorité des textes hindous qui imposent une religion de règles pour les remplacer par une religion de principes. (Il se convertit au bouddhisme en 1956.) Kancha Ilaiah soutient l’idée que le système de caste est indissociable de l’hindouisme même compris dans un sens strictement culturel ou philosophique. Il s’agit là d’une idéologie véhiculée par les castes supérieures elles-mêmes dont la culture demeure intentionnellement hermétique à la majorité des sans-castes ou des castes inférieures. Gandhi -qui cependant ne remet pas en cause le système des castes- rejette l'intouchabilité qui, selon lui ne fait pas partie de l’hindouisme mais est une excroissance à retirer par tous les moyens. Quant au sikhisme, fondé au quinzième siècle, il rejette le système des castes et proclame l'égalité des croyants (cf la pratique du repas commun dans les temples sikhs, tous les fidèles, y compris les sans castes, mangeant dans la même assiette.) Il en va de même pour les convertis (islam, christianisme, bouddhisme, sikhisme) souvent par intérêt social mais de toutes manières, même l’adhésion à une religion monothéiste et égalitaire (islam, christianisme.. ndlr, si l'on peut dire !) ne suffit pas, y compris après plusieurs générations, à faire disparaître des sentiments profonds sur lesquels le système des castes repose.
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Note : certains intouchables sont riches, paradoxe de la dialectique du maitre et de l'esclave, (effectuant des travaux dont personne ne veut, finalement cela peut leur réussir).. et pour les mêmes raisons, 23 % des brahmanes (qui en principe n'ont pas le droit de travailler -sauf pour ce qui est du travail intellectuel qui, comme on sait, ne paie pas-) sont sous le seuil de la pauvreté. Logique.
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* Ksatria d'où est probablement tiré le terme tzigane, des indiens qui ont fui l'Inde à partir du 9ième siècle. http://tziganes2.blogspot.fr

L'article "Adivasis, controverse sur l"hindouisme" (avec le lien vers le dossier "quand on me parle de culture")
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/05/les-adivasis-en-sanskrit-habitants.html 
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Le drame d'où est parti la controverse, deux adolescentes dalits violées et pendues dans l'indifférence des policiers... complices !! ne pas rater cet article !!
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/l-inde-choquee-par-la-pendaison-de-deux-adolescentes-apres-un-viol-collectif_1547643.html#270oYD1LOiJyXKPE.01
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