jeudi 3 octobre 2013

5 Marie Trintignant, Kristina Rady. Femmes battues, des profils parfois inattendus




 L'article

3 Le procès






Kristina Rady




Elle aussi et peut-être bien plus encore est une femme forte, reconnue, exceptionnelle, aimée de tous, qui écrit, parle plusieurs langues... et, elle, a tout quitté pour Cantat, à un moment même son travail de productrice. C’est l’inverse de Marie l'enfant gâtée, la femme-enfant fantasque, drôle et aimable mais qui peut surprendre par son insistance et ses colères si on lui refuse ce qu'elle exige.. Marie, une femme douce, dénuée de toute méchanceté sans doute, selon sa mère.. qui ajoute tout de même "mais qui peut faire du mal sans s'en apercevoir".. (ne serait-ce que poursuivre un homme qui va avoir un enfant avec une autre.) Et de fait la personnalité de Kristina est sans doute plus affirmée. Issue comme Cantat de parents modestes, gauchistes, droits, elle aussi s’est faite toute seule, et de plus dans un pays totalitaire en plein trouble. Son engagement envers son mari est total : elle accepte la rupture, même en des circonstances particulièrement pénibles (elle va accoucher) jusqu’à le chasser et quasiment s’éclipser. A demi. Restent les textos, les soucis et joies quotidiens, les enfants, la maison.. qu'il faut bien gérer à deux -consent-il à prêter son atelier à un tel qui le demande?- Il est probable que lui l’admire, qu’elle lui est plus proche que la légère Marie (qui le fascine cependant justement pour cette raison).. mais qu’il s’ennuyait un peu avec cette parfaite. Qui accepte tout, sa possessivité, et même ses coups. Des "dérapages" dit-elle dans son dernier message sur répondeur, à ses parents. Et il est probable qu’il finit par haïr Marie de l’avoir contraint à la briser, à se briser lui même, ainsi que son passé, à se trahir peut-être -cette gauche caviar qui délocalise un film pour des raisons économiques peut agacer- .. d’autant que selon lui le sacrifice n’est pas réciproque : le milieu de Marie, plus lourd, ne se laissera pas éliminer comme la seule -et douce- Kristina.

C'est le drame. Alcool, peut-être plus (le gars chez qui ils ont passé leur dernière soirée passe pour un dealer de VIP).. il tue Marie.. et c’est Kristina toujours fidèle au poste qui va venir le défendre, mentir sans doute à la barre.. et le tirer d’affaire, relativement. Son témoignage fut déterminant. En fut-elle culpabilisée ensuite? Cela contribua-t-il à l'éloigner de tous? A sa dépression? Deux "complices" sont indissociablement liés par leur acte, même celui qui n'a fait que couvrir le coupable.. par amour, parce qu'il a pu croire à un geste unique même si d'évidence ce n'était pas le cas, pour les enfants etc... Cela n'excuse rien. (Suite, lien.)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire