lundi 8 septembre 2014

L'humiliation, réactions

Quand un homme est humilié publiquement, on lui demande de faire preuve de fierté. D'être un homme. Mais quand c'est une femme, on lui demande de la pudeur. Pourquoi ? Parce que de toutes manières, l'être-femme est l'Humiliation. A priori. Comment demander à une limace de se lever contre une chaussure? On lui demande juste de se planquer pour ne pas être totalement ratatinée. Et on invente la notion de pudeur pour mettre du beurre autour, qui signifie silence et maquillage des bleus. Niet ! Et par parenthèse bravo à Trier.





 
 Une expérience étrange que l'humiliation. A la limite, c'est tellement... humiliant que l'on n'ose pas la relater, surtout lorsqu'elle n'a pas été "réparée", "lavée" comme on dit. Voici ici. Sans pudeur enfin. Des années après. D'abord, une observation liminaire : j'ai la chance que cela ne me soit que rarement arrivé. (D'où paradoxalement une sorte de plus grande fragilité, du moins à cette époque.) Reliée (dans ce cas) au racisme.
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Contexte : je ne suis pas "azerty" et j'ai épousé à l'étourdie un "azerty" sans rien savoir de ce que cela représentait...  Drame dans sa famille, la guerre de Troie dans un dé à coudre mais dans ce dé, je suis une paramécie [comme eux mais ils sont ? deux cent? -six enfants en moyenne, autant de beaux-parents, beaux-frères, belles-sœurs.. qui ont eux-mêmes des fratries de six, c'est une exponentielle..-] Une de ses sœurs (dix ans de plus que moi) m'exclue, comme tous -ou presque- mais elle, c'est la Chef, celle qui a le mieux réussi : elle a le mari le plus riche, le plus blond, le plus intelligent, le Grand ami -comme elle- de "Bidou" (le banquier dont le nom ne me dit rien -mais qui parait-il devrait me dire quelque chose si j'étais civilisée-... ce qu'il ne fera, le malheureux, que longtemps après.. lorsqu'il sera assassiné et à la "une" partout) laissant entendre qu'elle a avec lui des rapports trrrès privilégiés.. (jusqu'à quel point ? elle se récrie, indignée.. et au même moment exhibe des photos d'elle en maillot à ses côtés sur son bateau.. etc..) Tous plus ou moins plient devant elle bien qu'on ne l'aime guère. Son beruf consiste à tenter d'humilier tout le monde y compris les "siens" ; matuvu, elle prête à sourire -ou agace- par exemple lorsqu'elle exhibe la photo de sa "maison" de vacances en bord de mer sans préciser qu'il y a dix sept étages au dessus, une question de cadrage.. (Nous l'avions surnommée, mon ex et moi, "Bidou m'a dit".) En fait, elle est sans doute complexée par son défaut de culture voire d’instruction.

Sa tête de turc : moi évidemment. Jalousie. Dès que je tente de participer à une conversation, elle affecte de parler l'azertu -que je ne comprends pas- forçant les autres à faire de même. Rires. (Au fait, comme Valérie Guebwiller, dans ce lieu étrange, je me sens moi aussi en reportage!) Petit à petit, je finis par deviner des bribes : il s'agit de moi ou de l'autre out-sider de la famille particulièrement méprisé -il cumule, non-azerty, maçon et il gagne peu.- Un jour que je devise avec une de mes nièces -avec qui je suis intime, ce qui n'est pas le cas de Bidoumadi qui vit sur un autre continent-, elle s'interpose, passant vivement en azertu. Je m'accroche un peu. Ma (notre) nièce, gênée répond en français, l'autre la coupe, toujours en azertu, je demande la traduction à la gamine mais Bidoumadi l'accapare à nouveau, enchaîne, et l'en empêche. Plusieurs fois. 3 ? 4 ? Je comprends alors que c'est un jeu : elle feint de s'exprimer en français pour capter mon attention et ensuite passe à l'azertu pour m'humilier (rires etc..) Furieuse, je m'exclame contre sa grossièreté.

Et là, elle le joue à la sud américaine, fortissimo : "Coooment ? Mais jaaaamais! coooment peux-tu crrrroirrrre quueee ? A Dieu ne plaise que etc..." Elle crie, se retourne, désespérée, en appelle au peuple, à tous -en fait à ceux qui comptent, aux mâles- et notamment à son mari qui, pas mécontent de jouer à bon marché le Lancelot du Mouchez me tombe aussitôt dessus. [Oui, il sait, ce n'est pas la première fois que ça arrive, je fais toujours des histoires, je suis un peu... dérangée -"folle" n'est pas prononcé mais largement sous-entendu-...] Je l'envoie chier. [En substance, de mémoire, "vous, retournez à vos taux de change".] Et le chœur continue crescendo : "Jaaa-mais je n'ai paarrlé azertu, jaaa-mais !" Tous sont parfaitement d'accord et scandalisés, Claudette a disparu -mais de toutes manières il n'est pas question que je déroge jusqu'à appeler l'adolescente comme témoin-. [Note : tous savent que Bidoumadi ment.] Je ne comprends pas, je persiste, m'énerve.. rien à faire, personne ne m'écoute.

C'est alors qu'intervient l'autre chef, le "vrai", le "en-titre", autrefois du moins car étant le plus riche, quoique franchement "azer" [il faut préciser ici que les azerty se divisent en deux espèces d'inégal prestige, les "azer", ceux du sud, de type arabe et les "zerty", les blonds, le haut du panier].. autrefois donc, il était le caïd incontesté. Mais à présent la guerre a tout changé et il se sent peut-être talonné par l'autre, plus jeune, plus "zerty" et surtout ami de Bidou.. Bref, pour ne pas perdre le poste, voilà le "vieux" qui se sent obligé d'en remettre une couche plus épaisse. De plus, ça se passe chez lui, c'est à lui seul de faire régner l'ordre et cingler les Impur/es qui la ramènent. [Les femelles -sauf Bidoumadi qui harangue toujours ses croisés- se sont de concert précipitées, qui en cuisine, qui aux toilettes ou à la salle de bains -faut-il y voir un malaise devant le mensonge de l'aînée?- ou simplement qu'elles profitent de leur statut de potiches -en apparence-, pour le coup confortable?) Tous les mâles donc me tombent dessus, y compris mon mari, timide, dans la lune, impressionné, qui, sous l'avalanche de cris, gesticulations, perd pied et finit par m'accabler également. Là je suis touchée jusqu'aux moelles. Je pars en larmes.

Bidoumadi, toujours protestant de sa bonne foi navrée, en larmes, se lève alors comme pour m'escorter, mais de loin.. -elle a donc le dos tourné à ses supporters- et lorsque je me retourne pour refermer la porte, je vois avec stupéfaction sur son visage se dessiner un incroyable sourire triomphant sous un regard de haine implacable qui me glace le sang.
 

Je retourne chez moi à pied, pleurant -moi, pour de bon!- toutes les larmes de mon corps. L'homme que j'aime ne m'a pas défendue. Pire, il a fait chorus avec la meute*. Que vaut-il donc, ce révolutionnaire pour années bissextiles? Vers une heure du matin (?) il revient. Comme si de rien n'était :
-Mais qu'est-ce que tu as ? ... Qu'est-ce qui ne va pas ? ... Voyons, c'est pour... tu ne vas pas me dire que c'est pour ça ? ...  Si? Mais ce n'est rien. Ne sois pas infantile. Tu sais bien comme elle est.. On le sait tous! tu es au dessus de ça, non?.. Bien sûr qu'elle mentait ! tu crois qu'on ne l'a pas compris, depuis le temps?** (il rit) elle est seulement jalouse, forcément, tu es mieux qu'elle à tous points de vue, plus jeune, plus belle, plus intelligente, plus cultivée.. et puis tu bosses.. La pauvre, c'est triste tu sais de vivre ainsi dans la futilité même avec beaucoup de fric.. allons, c'est à toi de faire un effort.." etc... etc... 

* L'un des caïds, [le "azer" -peut-être les deux?-] avait autrefois prêté une forte somme d'argent -qui lui fut remboursée- à sa mère -dans la gêne après le décès du père- : cela peut-il expliquer cet impensable rapport d'allégeance de la part de quelqu'un engagé à gauche qui d'habitude se montrait honnête, rigide voire quasi arrogant? Pas sûr : simplement, le fait d'avoir aimé et épousé une non-azerty représentait une trahison qu'il devait se faire pardonner à tout prix, fût-ce au prix d'une forfaiture idéologique et par ricochet de la perte, justement, de celle qu'il aimait ! Bien joué pour la meute. C'est exactement ce qui advint.

** Comique en effet, elle mentait tout le temps, pour se valoriser ou simplement par principe : du jour au lendemain, ses yeux "remontaient", elle n'avait plus aucune ride mais un étrange sourire sans expression sur des lèvres gonflées luisantes comme des bouées de détresse.. et certifiait sans ciller n'avoir rien fait d'autre que des siestes. Le drame fut longtemps après.. [Il ne faut pas multiplier les interventions esthétiques qui souvent vieillissent mal -presque toujours- et elle se mit à ressembler à un tableau de Picasso, jusqu'à une -grave- maladie sans doute issue de ces multiples opérations.] http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/04/larchetype-de-la-femme-la-prostituee.html



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http://femmesavenir.blogspot.com/2014/09/lhommeur-je-laisse-des-femmes-lhonneur.html 
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Les kapos :


 

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