dimanche 14 septembre 2014

Lesbienne. Comming out à 80 ans (comique)

La scène : une maison de campagne assez vaste dans un parc. La cuisine. La salle à manger.
Les personnages, la fratrie Charney, citadine, en visite chez leur "petit " frère et leur belle-soeur, dans le Midi :

Annie, 64 ans, veuve, une des soeurs.
  
 









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Sophie, belle soeur des autres Charney, -elle est la femme du frère aîné décédé-. 70 ans, veuve.

 












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Emilie, 55 ans,
la "jeune" belle soeur, femme de Jean Baptiste, et mère de Léna, chez qui la scène se passe.







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Jean Baptiste, mari d'Emilie, 55 ans, le "jeune" frère -et beau frère pour ce qui est de Sophie- des deux précédentes







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Inès, l'aînée des Charney, 80 ans, la chef- elle a 25 ans de plus que le cadet, elle est célibataire, la tête pensante, un peu sèche.








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Léna, 30 ans, fille d'Emilie et de Jean Baptiste, nièce des précédentes









La scène se passe dans le cuisine. Emilie lave les tasses du petit déjeuner et Léna essuie. Inès, levée depuis longtemps, est partie au village dans l'intention de faire réparer des chaussures en vernis fort peu adaptées à la campagne qu'elle a écornées.

Emilie : Tu sais, c'est triste à dire mais Inès baisse intellectuellement... Dommage !
Léna : Tu trouves? moi pas. Qu'est-ce qui te fait dire ça?
Emilie : Eh bien ce matin, imagine toi qu'elle me prend à part, nous étions toutes deux dans la cuisine, et elle me demande : "Ma chère Emilie... j'ai une question à vous poser"... (Note : la différence d'âge entre les deux femmes fait qu'Inès est pour sa "jeune" belle sœur plutôt une belle mère.) Tu penses si j'étais... inquiète, un peu, avec Inès, on ne sait jamais... (elle rit)
Léna elle aussi éclate de rire tant sa mère refait à la perfection le ton sec, un peu hautain de l'aînée des Charney, (une femme exceptionnelle, brillante, cultivée... et qui ne l'ignore pas.)
Emilie reprend : Je lui ai demandé ce qu'elle voulait me dire. "Et bien, je voudrais juste savoir pourquoi vous avez fait dormir Sophie et Annie ensemble... et moi seule... non, ce n'est pas un reproche, du reste, j'ai fort bien dormi et je vous en remercie mais voilà : pourquoi?" Alors tu penses ! Inès et ses questions! Je ne savais pas quoi lui répondre, d'autant que je ne savais pas moi même pourquoi je les avais ainsi réparties... "Euh... j'aurais pu ouvrir la chambre bleue en effet mais vous savez... je ne l'aime pas, elle est au nord et trop près de la cuisine alors..." Elle m'a coupée. "Mais non, je ne vous reproche rien, encore une fois, je vous répète que j'ai bien dormi et apparemment elles aussi. Je voudrais seulement savoir pourquoi vous m'avez mise seule.." Ces questions d'Inès!  "Mais je ne sais pas... je n'y ai même pas réfléchi... Peut-être, maintenant que vous me le demandez.. parce qu'elles ont été mariées et vous non? .. Je pensais qu'elles avaient l'habitude de dormir avec quelqu'un... je ne sais pas, ça s'est fait tout seul .." Et tu sais ce qu'elle m'a répondu ? " Ma chère Emilie, votre candeur m' émouvra toujours!" Tu vois bien qu'elle devient un peu... enfin.. gâteuse... non, pas vraiment mais...!"

Léna se tord de rire. Et reprend, sur le même ton qu'Emilie:
"Ma chère maman, en effet ta candeur est inénarrable !"
Emilie : que veux-tu dire ? 
Léna : Je veux dire qu'elle t'a avoué à mi mot qu'elle était lesbienne. Elle a dormi toute sa vie avec France -son amie qui vient de mourir-..  
Emilie (crie presque) : QUOI ? 
Léna, agacée : mais enfin ne le savais-tu pas ? Tous doivent le savoir, je le suppose.. 
Emilie, sur excitée, crie : "Jean Baptiste ! Viens voir !"
Celui-ci, mécontent d'être aussi cavalièrement interpelé, arrive. 

La scène à présent se passe dans la salle à manger, devant Sophie et Annie.
Jean Baptiste :  Mais enfin qu'y a-t-il ? Inutile de crier comme ça...
Emilie : C'est Léna... elle a une idée.. enfin sur Inès.. enfin... (elle se tourne vers sa fille) dis lui, toi ! 
Léna, riant mais agacée : j'ai dit qu'elle était lesbienne.. pas vraiment un scoop, quoi.. vous le savez bien tout de même.. mais elle vient de le laisser entendre clairement à maman. 
Jean Baptiste : Ohhhh ! Pfft.. Ça alors... toi et tes idées ... enfin... 
Léna (crie) : ne me dis pas que vous ne le saviez pas tout de même !
Pendant ce temps, Annie et Sophie font des "Ooooh" et des "Ahhh" -sans trop de conviction semble-t-il pour ce qui est d'Annie.- 
Jean Baptiste (conscient que sa position n'est pas tenable), sec : Je ne sais pas... enfin je ne me suis jamais posé ce genre de questions... ça ne me regarde pas.. mmm enfin... qui sait ? mais tout de même... 
Léna se tourne alors vers ses tantes, interrogative :
Mais vous le saviez tout de même, non?
Annie : Mmm.. enfin non, je veux dire.. oui, peut-être, selon Sylvie -une de ses amies- mais elle n'en a jamais vraiment parlé..... et puis on les voyait peu du reste, elles étaient à Blois nous à Paris.. enfin je ne sais pas..  

Et c'est alors que Sophie -le "bout rapporté" des Charney, une femme d'une stupéfiante beauté mais d'une inculture non moins stupéfiante, le cas unique qu'on traite avec un peu de gentillesse mais aussi de condescendance...- s'exclame, réprobatrice, indignée :
"Tout de même, Léna, tu exagères, tu as une langue trop acérée! Bien sûr, je le sais bien qu'elle a mauvais caractère, Inès, mais tout de même...  pas à ce point !!!"
Silence interloqué qui détend enfin l'atmosphère. Léna éclate de rire. Et Emilie, pas mécontente d'avoir trouvé plus candide qu'elle, de lui demander : "mais que pensez-vous que signifie lesbienne, Sophie?" ..
"Et bien, qu'elle était ... enfin vous le savez bien comment est Inès, un peu... pénible.. mais tout de même.." 
Émilie : Non, chère Sophie, ça veut dire homosexuelle. 
Et c'est ainsi que, un quart d'heure après tout le monde, Sophie, la bouche ronde, s'exclamera en écarquillant ses magnifiques yeux violets bordés de cils noirs des "OoooOOOOllhhhh... Ça.. ça... ça alors!!!" 


    

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