jeudi 14 août 2014

L'avarice, une pathologie masculine et machiste




Vivre avec un avare pathologique, un petit enfer jamais relaté...


L'avarice pathologique, une spécificité masculine? Certes il faudrait une étude -si j'ai le temps je m'y colle- mais d'ores et déjà, a contrario on peut pointer que l'anorexie financière, pathologie inversée tout aussi gênante (mais pour soi) touche davantage les femmes (bénévolat, refus de salaire , l'argent étant considéré comme dégradant, affection pour des activités sous payées, honte de réclamer une augmentation... D'autre part, lors des procès de divorce, cela revient souvent (et une grande partie des pensions ou prestations compensatoires au bénéfice de la femme NE SONT JAMAIS VERSÉES, 40% si je me souviens bien!)


Les relations -masculines- névrotiques à l'argent

Tout semble réalisable avec l'argent, qui confère tout pouvoir, croit-on : acheter, y compris et surtout les autres, le sexe, l'amour peut-être, des enfants et même à présent la procréation avec la GPA.. Volonté de puissance infinie, ainsi assouvie. L'argent renvoie aussi à des frustrations et des peurs infantiles qu'il s'agit de combler. Au manque. Mais parfois, le puits est sans fond : c'est le cas de l'avare, obsédé, qui veut toujours plus, acquérir encore et encore et surtout engranger, amasser, donc ne pas dépenser, ne pas donner. Il n'a pas de limites dans son désir de posséder, qu'il ne peut donc jamais assouvir.. Il se méfie de tous et surtout de toutes, même de ceux et surtout de celles qu'il "aime", ses proches. On en veut à sa cassette! Dans certains cas, l'argent fait référence à la sécurité liée à l'enfance, il représente des manques, des frustrations que ses parents lui ont transmis. -Pour les femmes, il est aussi  et surtout le garant de l'indépendance acquise, ce qui n'est pas pathologique-.. Une réflexion sur sa valeur est nécessaire : être conscient de ce que l'on vaut, connaître sa place, c'est aussi reconnaître à l'argent une valeur juste et limitée, dans les deux sens, ni mépris ni surestime.

Pathologies de la peur de l'argent

La peur de l'argent se retrouve chez les "anorexiques financiers" pour qui il est tabou et qui montrent une véritable tétanisation face à l'argent; soit qu'il soit considéré comme sale, soit qu'il faille s'en débarrasser. La peur de l'argent vient aussi d'une incapacité à savoir ce qu'on vaut ; à monnayer son travail ; à l'évaluer correctement, à parler clairement de ses honoraires, à s'évaluer soi même. Exemple le bénévolat, (se faire payer dévalorise leur travail.) 

Prodigalité et avarice, pas toujours incompatibles

Les prodigues peuvent dépenser pour eux-mêmes ou pour les autres; souvent dans l'ostentation: cela passe par l'achat d'objet coûteux que l'on exhibe ; en quête d'amour et de reconnaissance; ils confondent alors leurs propre valeur avec la valeur de ce qu'ils possèdent (jusqu'à l'endettement parfois.) Mais l'avare peut aussi, au cours de rares fulgurances, être ou se montrer dispendieux : un mariage -surtout dans les cultures orientales ou méditerranéennes- une fête familiale, des circonstances où il importe de "montrer" sont malgré tout l'occasion de se lâcher -mais alors il essaiera d'obtenir plus pour le même prix, jusqu'au harcèlement le plus honteux.. telle cette avare pathologique mais dispendieuse à la fois -en fait, elle était surtout désireuse d'esbrouffer, ce qui entrait en contradiction avec son âpreté au lucre et son désespoir de devoir lâcher quelque billets-... qui avait pour une fois voyagé en classe "affaire" -(elle le clama ensuite haut et fort longtemps -en fait, elle avait profité d'un billet de "faveur"-..).. mais avait exigé de l'hôtesse à terre, avec une insistance incroyablement gênante, un supplément de bagages gratuit.. La queue s'allongeait derrière elle et l'hôtesse finit par céder pour dix kilos*.. ce qui ne l'empêcha nullement d'aller ensuite solliciter un à un tous les voyageurs dans la file, y compris ceux qui eux voyageaient en classe économique ! pour qu'ils lui "prennent", qui dix kilos, qui cinq etc... -"c'est que j'ai un bébé avec moi voyez-vous"- jusqu'à atteindre sous les sourires narquois et exaspérés, les 30 qu'elle avait en sus!

* L'avare pathologique ne lâche jamais, ne recule devant rien, même devant des rebuffades assez rudes, y compris si d'habitude il ne se départ pas d'un orgueil de caste érigeant l'arrogance en principe de base : lorsqu'il s'agit d'argent, il est doué d'une énergie stupéfiante... et forcément, n'est jamais satisfait : après que l'hôtesse, de guerre lasse, lui ait cédé, retournée vers l'ami qui l'accompagnait, elle s'exclama, dépitée : "j'ai été bête, j'aurais dû lui demander plus,  à force, elle aurait marché, l'avion décolle dans dix minutes.. !"

Car il y a plusieurs types d'avares : l'avare boulimique qui veut engranger, engranger encore et encore, et l'avare constipé, qui se soucie surtout de "garder". (Mais il peut être les deux.) Les femmes sont plutôt de la catégorie constipée : ne travaillant souvent pas, leur satisfaction se borne à "garder".

Avarice

L'économe se préserve pour l'avenir; le radin donne peu, l'avare ne donne rien ou à son corps défendant ; il retient tout. Il ne consulte malheureusement pas, étant trop isolé et ne se rendant pas compte de son état ; il s'enferme, sans amis ou compagnon -ou des "amis" conciliants voire transparents, soumis, avec lesquels il maintient toujours une distance ou une pression, souvent des "inférieurs" ou ceux qu'il juge tels, des femmes par exemple- ou encore il choisit des anorexiques financiers de qui il pense ne rien avoir à craindre : un ami peut coûter, une compagne aussi.. Peut-être.

L'avarice est une perversion de l'instinct de conservation : cette hypertrophie de la tendance à l'épargne manque ou même va à l'encontre de son but, assurer sa sécurité dans l'avenir, tels ces "mendiants thésaurisateurs" qui meurent sur une paillasse de billets de banque ou ce -très- riche commercant cardiaque qui mourut par manque d'un médicament, ayant attendu qu'un ami pharmacien qui les lui fournissait gratuitement revienne de vacances. L'avare verse rarement dans la délinquance et la criminalité franche mais reste cependant un être socialement improductif et nuisible y compris à lui même (il impose à sa famille des privations conséquentes -le même riche commerçant vivait avec sa nombreuse famille dans un appartement plus que modeste, vétuste, sale et très pauvrement meublé, et apparemment il ne donnait pas suffisamment d'argent à sa jeune femme pour tenir le ménage, si bien que les jeunes enfants, affamés, mendiaient à table lorsqu'il y avait des invités, auxquels d'ailleurs étaient servi des restes parfois avariés des repas précédents, mangeant seuls, le prétexte étant toujours une "indisposition" du couple-..) et peut prendre des dispositions testamentaires parfois contestables en justice.) D'une certaine façon, l'avare qui a fini par amasser une fortune, fût ce en exploitant les autres, plus ou moins,  peut ensuite en jouer -sans l'écorner- et il a gagné : il fait peur. Si forte est sa passion que personne n'ose s'opposer à lui.

L'avarice considérée comme une perversion congénitale se manifeste  ou augmente pourtant, paradoxalement dans la vieillesse. (Dupré.) Toutefois, dès la jeunesse, l'avare a des tendances méfiantes, solitaires, étranges. Dans les états pathologiques, l'avarice apparaît de préférence dans les psychoses de ralentissement..  à mettre en parallèle avec les troubles de la mémoire, les affaiblissements et les délires préséniles. On la rencontre encore dans certaines formes de mélancolie et de paranoïa dépressive. L'avare a toujours peur qu'on le vole, même ses proches l'inquiètent : lorsque sa passion entre en jeu, rien ne l'arrête, insultes, injustices, mensonges, ou brutalités diverses. 

Pour Guy Delpierre, l'avare serait un asthénique "schizoïde à autisme pauvre, n'ayant pas la faculté de vibrer à l'unisson avec les autres, à se mettre dans l'ambiance, toujours décalé*, et ne se sentant à l'aise que dans l'automatisme, l'immobilité, la rigidité". L'auteur tire de l'œuvre de Balzac des types caractéristiques de cette constitution (le père Grandet et l'usurier Golbseck) (Psychopathologie de l'avarice, plaquette édit. par la librairie Giard, Lille, anal, in A, M. P., octobre 1953, p. 416).

* Son abord des gens est étrange, cointradictoire ; il peut passer d'une familiarité intempestive -vis à vis de femmes par exemple- à une arrogance gênante, suivie d'une humilité inattendue... Il ne sait pas -comme beaucoup d'autistes- décrypter les signes discrets ou même explicites d'agacement, et dérange sans en avoir conscience.

D'après Ch. Bardenat
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