samedi 12 juillet 2014

Le grand balayage, une pute gratuite et Maison de poupée, journal

C'est la première fois, peut-être l'as-tu remarqué? que tu m'as parlé DIRECTEMENT et sans circonvolutions bébêtes pénibles. Qu'on a eu une VRAIE conversation. Je t'en sais gré : cela m'a infiniment soulagée. Il n'est pas -trop- grave de ne pas être aimé, aléa imprévisible de l'esprit et du corps humain - j'en ai l'habitude avec mon père autrefois et j'y résiste bien- mais infiniment traumatique de s'en sentir responsable, d'entendre "c'est "parce que.. tu as une verrue sur le nez.. ou que tu balayes mal etc.." surtout lorsqu'on n'y peut rien, car on a l'impression désespérante d'être passé juste à côté de l'Éden et de l'avoir raté à un poil. Par notre faute. Même si on rétorque ("tu l'avais bien vue avant, et tu la trouvais sexy..")  il en reste quelque chose, toujours.

Tandis qu'entendre pour une fois sur un ton normal, d'une voix simple, grave et mélodique -une AUTRE VOIX que la tienne d'habitude!-  "Je ne t'aime pas.. Si je te le dis et je te le répète? c'est que je me trompe.. Et puis je m'en rends compte.. Je te voue au contraire une haine mortelle..." est rassurant. Un soulagement, une explication. Plus de ces mercuriales de dénigrements infinis. Juste la haine, ouf. Sans forcément d'explication; il arrive qu'il n'y en ai pas de claire. C'était donc cela la cause des angoisses que j'éprouvais chaque fois que je te voyais.. Une joie intense et en même temps un serrement, une douleur sourde, constante entre les seins. Les affects, le corps nous indiquent ce que le logos ne sait pas voir. Non je n'étais pas folle parano comme tu le sous entendais. Sous les gestes d'amour -y compris sexuels-, la haine "mortelle"... ou légère ça devait dépendre.. De toi seulement. PAS DE MOI.

Tu as attendu -ça c'est curieux !- que nos relations devinssent normales, heureuses voire presque sexuelles ! c'est à dire que je baissasses la garde -c'est fort rare malgré tes requêtes insistantes- .. pour fuir puis m'agonir de philippiques "justifiantes"... comme si tu voulais t'assurer avant l' "aveu" (certes un peu "arraché") que moi au moins je t'aimais. Une fois rassuré, tu pouvais partir.. puis m'accabler si je protestais ou seulement pointais tes contradictions. Tu n'aimes pas, tu aimes passionnément qu'on t'aime, mais que l'on t'aime sans exiger quoi que ce soit. D'où ta/tes fuite/s aussitôt l'affaire conclue. Un "amour" sur le mode prostitutionnel te convient, l'avantage étant ici la gratuité. Qu'ai-je été d'autre puisque tu me désirais et même me priait (!) tout en agissant ensuite comme si je n'existais pas.. jusqu'à la haine si je me mettais un peu trop en avant, qu'ai-je été d'autre qu'une pute gratuite -mais une pute qui ne sait pas se tenir à sa place et qui se la pète comme si elle existait vraiment-? Moins qu'une pute même car une vraie hétaïre par contrat exige une compensation financière à ses prestations. Si je l'avais été, notre relaion eût été, pour moi, moins humiliante.

Ensuite vient la haine, en fait préexistante surgissant sous forme de catilinaires modèle balayage ("je t'aime mais c'est le bordel et je ne peux pas etc"..) (1)

Peut-être as-tu peur d'être démasqué, peut-être te sens-tu indigne du personnage que tu as donné à voir pour séduire ? Est-ce le sentiment de ton incomplétude qui te taraude ? Tes affects mutilés? Dès que la personne s'est livrée, et que tu crains d'être au pied du mur, tu dégages ou agis comme si elle n'existait plus.. Afin qu'elle demeure sur son illusion de toi tel que tu l'as joué. Ainsi es-tu tranquille.

Car être aimé est une lourde charge que tu ne puis assumer. Donc à la limite, pour te "garder",  il faudrait feindre l'indifférence ou au moins être discret, se faire oublier mais être là tout de même ... (Paradoxalement, tu pourras parfois reprocher à la personne sa "froideur".) Étrange jeu d'équilibriste : pas trop de passion -ou alors jouée- mais pas trop d'indifférence, une distance juste ce qu'il faut. Être là sans le montrer mais faire en sorte que tu le saches au cas où tu serais en phase amour -et avec toi il faut saisir l'instant car il ne revient pas*- puis se retirer doucement sous quelques prétextes que tu sais faux mais qui sauvent l'honneur -ou consentir à ceux que tu as trouvés-.. tout en étant toujours là.. de loin. Au fond, à la réécriture, je m'aperçois en effet que c'est le modèle prostitutionnel qui te convient et que tu imposes implicitement. Ainsi pourras-tu rêver de la personne que tu "aimes" -mais qui n'existe pas vraiment et ne te cause aucun souci- .. dont tu es séparé provisoirement par quelqu'aléa fâcheux -que tu as toi même suscité-. Un amour sans danger. Prendre et jeter. Tu me rappelles ces chiens qui derrière une clôture s'abreuvent d'insultes homériques sur le mode "s'il n'avait pas cette barrière je l'égorgerais" et qui, une fois celle-ci partiellement ôtée, surpris de de retrouver face à face, ne font rien.. puis filent derrière le pan de grillage restant pour rejouer leur scénario de "retenez moi ou je fais un malheur."
Il te faut un grillage entre toi et l'autre pour que tu jouisses : 1 de l'aimer et 2 d'en être libéré, de n'en subir aucune contrainte. (1)

*La aussi, tes affects semblent versatiles : ton inappétence ou ton appétence incertaine qui oblige à s'adapter à ton humeur -exigeante pourtant, forcément, il ne faut pas rater le coche!!- le montre. Tu n'en as aucune conscience, pour toi tout est normal.

Car l'amour que l'on reçoit est en effet aussi contrainte. Peut-être n'y es-tu pas habitué ? Tu es comme Jean mon père envers moi.. Qui cependant n'a jamais eu le courage de me dire "je te voue une haine mortelle", simplement parce que je l'aimais (au début) donc exigeais plus ou moins qu'il se comportât en père, ce dont il était incapable et qui l'insupportait. Lui aussi, au lieu de m'avouer simplement "je ne peux pas", (ce qu'il a tout de même fait peu avant de mourir, un peu harcelé il faut dire!) il me cherchait des poux sur la tête, trop sotte, puis trop brillante, trop arrogante etc.. Un mépris -joué ?- de toutes manières. (Il est probable qu'il ne voulait pas d'enfant et n'avait fait que céder à Lydie.. et le malheureux s'est retrouvé avec une femme malade dont on disait qu'elle était fichue.. et un bébé sur les bras! Comment ne m'aurait-il pas haïe ?)

C'est pourquoi cette conversation du 11, pour la PREMIÈRE FOIS PARFAITEMENT DÉNUÉE DE CONTOURNEMENTS GROTESQUES épuisants restera pour moi une marque définitive, il y aura un "avant" et un "après", et je te remercie de ta sincérité... que j'attendais depuis tant d'années. Car ce que tu m'as enfin avoué, TOI, est donc INDISCUTABLE ; d'autres me l'avaient dit ou laissé entendre à ton sujet, et même moi avais pointé quelques anomalies (!) tout de même ! mais sans absolue certitude, il suffisait que tu vinsses et me dît "je t'aime" et tout était -presque- oublié...

Je ne t'en veux aucunement, surtout pas dans la mesure où j'ai trouvé en toi le double quasi exact de mon père sur le plan affectif et ai rejoué 20 ans avec toi une enfance de 16 comme une bande son en replay. On a l'homme que l'on mérite et je te méritais.

Quant à toi, au fond je ne suis pas sûre (et à présent je m'en fous un peu), tu as sans doute aussi rejoué une enfance particulière, où ta mère, frustrée d'amour et de sexe, a dû produire des enfants pour remplir un contrat et ne t'a aimé que parce que tu représentais l'héritier, (donc sa place assurée dans un milieu qui ne voulait pas d'elle et s'en méfiait*) c'est à dire qu'elle ne t'a pas aimé du tout. Peut être est-ce la clef de ta défiance -mépris ?- envers les femmes... et de l'amour qu'elles prétendent te vouer: tu t'en méfies, prends de la distance, redoutes leur perversion, leur vénalité.. (Toutes des putes comme maman en quelque sorte, il faut les mettre à l'épreuve pour ne pas se faire "avoir". Tu ne te laisses jamais aller, d'où tes problèmes..) Peut-être ta mère, malgré son cynisme qui au fond est une qualité, ne pouvait-elle faire autrement et ne faut-il pas l'accabler ? Ton père ? Plus discutable. Avoir "acheté" une jeune reproductrice, l'avoir violée (un acte sexuel sous contrainte qu'elle qu'elle soit est un viol) et forcée à produire est inacceptable mais peut-être paradoxalement lui t'a-t-il aimé. Pas sa femme ni, réciproquement, elle, qui semble même l'avoir haï. On ne sort pas indemme de cela. Ta défiance et ta recherche éperdue de l'amour "vrai" des femmes et tes exigences de réassurance, puis tes fuites au moindre prétexte ont sans doute là leur origine.
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*Une jeune femme de 25 ans qui épouse un riche banquier de 50 (60?)  il y a en effet de quoi s'interroger pour la famille de celui-ci, surtout si elle compte sur l'héritage.
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Je ne pouvais sans inquiétude percevoir l'amour sexuel de mes parents qui cependant s'aimaient. Mais je ne puis sans horreur percevoir un acte sexuel entre deux êtres qui ne veulent que produire un fils, surtout dont l'un est un vieillard. Hypothèse de Jean Lou, à laquelle je souscris. Ainsi faisaient les Rois.

J'observe, c'est rigolo, que Henry VIII auquel tu ressembles sur ce point était lui aussi issu d'un couple disparate mais à rebours de celui de tes parents, Henry VII son père ayant "choisi" ou plutôt soulevé Élizabeth d'York, seule descendante du roi Édouard donc seule reine de plein droit, ne voulant être un simple consort voire un usurpateur, eut à coeur de produire des fils qui eux seraient indiscutablement les descendants d'Édouard par leur mère. Dans le couple de tes parents comme dans le couple Tudor, l'un des membres le moins important a voulu s'assurer une place par enfants interposés. Et on a Henry VIII et toi avec le même complexe de Dom Juan, plus tranchant chez lui cependant. Tu es comme lui l'enfant du pouvoir. (Pour mon père, nul problème, juste une jolie fille qu'il aimait, mais un enfant... Zut! Ça encombre!)

On est fait de nos parents, non seulement de ce qu'ils ont mis dans nos gènes mais de ce qui était précédemment dans leur être. Pour Henry VII, le pouvoir, Élizabeth étant son levier, pour ta mère, idem. On est l'enfant d'une idée, d'un désir, d'un rêve, plus que d'un spermatozoïde et d'un ovocyte. C'est pourquoi je me sens davantage la fille de Gustau qui voulait un enfant de Lydie, une fille! que celle de Jean qui n'y tenait aucunement.

Au fond, notre "amour" ou du moins le tien est issu de ta part d'un moment de folie, d'allégresse où tu t'es cru libre, libre d'échapper à ton milieu, à ton fatum, à l'ostracisme des tiens pour tout ce qui n'est pas "azerty".. la grenouille qui veut se faire boeuf, puis tu t'es rendu compte que tu ne pouvais lutter contre 200 bœufs menés par Akram et surtout contre l'écrasante faiblesse de ta mère, et pour ne pas t'avouer ton impuissance, tu as trouvé une sortie honorable: je balayais mal.

La haine mortelle que tu me voues, de ton propre aveu, sans doute bien plus ancienne que cette affaire d'arbres dont je me suis opposée à l'abattage, provient de là : de fait, sans rien y pouvoir, je te contraignais à être (un guerrier qui seul du clan avait osé épouser une non azerty) à être ce que tu ne pouvais être et je t'humiliais. Solution : catilinaires--balayages.

* Azerty peut s'entendre comme catho, juif, musulman, hindouiste, sikh etc..
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(1) Une autre solution est de prendre deux personnes, deux transpondeurs, chacune faisant barrière pour l'autre. Tu ne peux pas venir parce que Colette va mal (ou Hélène) ou ta mère. C'est une barrière qu'il te faut ériger pour te protéger d'un amour que tu devrais acter, ce dont tu n'es pas capable. Sauf en paroles mais c'est alors ta voix de comédie. Je comprends à présent pourquoi je ne l'aime pas, cette voix, la seule chose en toi qui m'avait un peu déplue. Une voix infantile, hésitante, mal articulée, adolescente. C'est le 11 que j'ai en fait découvert ta voix véritable, et celle là me plaît, question harmoniques. Presque nette, articulée, virile, directe, sincère, celle là sonnait vrai, infiniment! Pas l'autre.. Au fond, tu n'es pas très bon acteur. Dommage que ce fut pour me dire "je te voue une haine mortelle"..

Pas grave! Ayant eu la chance de ne pas être aimée par mon père, je n'en fais pas un flan. Résistance. Et même, soulagement : la seule chose que je redoutais dans l'histoire était la folie. De me tromper. D'être parano. Cela me torturait. Avoir failli et raté l'Éden cependant à ma portée. Ne pas l'avoir vu! JE SAIS A PRÉSENT QUE JE NE ME TROMPAIS PAS. Que les gens autour de moi ne se trompaient pas. Que je ne suis -ni toi in fine- responsable par mes excessives exigences. (!)

Étrange: mon corps avait compris avant mon logos (à un moment, au Liban, juste après les insultes d'Akram -car je n'etais pas azerty- sans que tu ne réagisses, je ne te désirais plus, ne faisais semblant) puis ça a passé, à condition de ne jamais voir ta famille, au potentiel dés érotisant absolument exceptionnel. C'est Didier, Erdal et JLou qui m'ont restaurée et ont permis à nouveau le désir, y compris de toi. Pas très honorable de ma part, pour eux.
C'est simple: tu as fait de moi un jour de folie Hélène de Troie, mais tu n'étais pas Ménélas, heureusement, et au lieu de faire la guerre, t'es contenté de la haïr parce qu'elle balayait mal.. pour la renvoyer à la case départ. On est passés de l'Iliade aux Guêpes, d'Homère à Aristophane... Avec un petit tour par Moravia (L'amour conjugal.)

Je suis sereine à présent. Plus rien à me reprocher, plus rien à prouver, à te prouver.
Il est normal de ne pas m'aimer. Beaucoup me haïssent, mais la plupart m'aiment : le corollaire obligé. Je lis Euripide, ça me libère. Médée. Je te vois assez dans Jason.

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Un jour d'embellie, de folie,
Tu as décidé d'être toi
Contre le clan qui te broyait
Je me trouvais là,
Tu t'es posé!

Puis tu as eu peur
Inventé des obstacles
Cela ne se pouvait
Un Grand Amour certes MAIS..

Et il y eut le drame
Tu es revenu. Tu étais toi..
Puis il y eut des obstacles
Cela ne se pouvait..

Je BALAYAIS MAL 
Et tu es parti
Puis il y eut Didier
Cela ne se pouvait !
Je balayais bien, finalement

Je t'ai retrouvé
Et il y eut encore des obstacles
Une femme meilleure que moi
(Et moi avec 20 kg de plus
Après la naissance de Frédéri)

Puis tu m'as retrouvée
Devoir? Amour? Qui sait?
Et la vie s'en est allée
De l'amour à la haine
Car je balayais mal, réellement !

Et je suis partie
Déchirure et liberté
Puis mon père est mort
A nouveau tu m'as aimée
Et le lendemain es reparti

Trois mois sans retour et sans un mot
Et la vie s'en est allée
Du calme, indifférence
Amour haine, et tu es revenu
Mais là, vraiment, je balayais mal
Et il y en avait une autre
Qui balayait très bien

Puis tu m'as appelée au secours
Et la haine est revenue
En force, puissante
Je balayais de plus en plus mal
Et même plus du tout
Et je suis repartie chez moi

Une embellie encore,
Tonnerre de Dieu, si insistant,
Et j'ai baissé la garde! Pour une fois.
Je n'aurais pas dû..
Le lendemain tu as filé à fond..

Et tu n'as pris aucun appel
Après celui où je te suppliais, moi,
A l'inverse de ce qui se passe d'habitude,
Car je balayais mal

Et il y eut ton appel, enfin
Une belle voix d'homme
Triste mais sincère, honnête
"Je te voue une haine mortelle"
Et tout est dit.

Tout? C'est mal te connaître!
Attendu avec paris à la clef, vint l'appel en écho ! !
La voix fluette, trop perchée, la voix fausse
"Je m'excuse" (et non "pardon!")
Je ne pensais pas vraiment..

Mon amour, tu n'as pas à le faire
Comme More au bourreau
Tu as plus fait pour moi
Que quiconque dans ma vie
Libre enfin!

La haine pour moi est inconnue
Notre histoire finira donc avec Akram
Celui qui entre nous a mis un coin puis mouillé
Pour faire éclater la roche
(Quelques millions aussi à la clef)

Un coin dans le marbre, le roche a fini par céder,
Celle de sa tombe. Calchas, notre Odyssée :
"Tu mourras avec ce couple d'amants
Que tu as détruit".. Ça a pris 20 ans.

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LE DOSSIER LE COMPLEXE DE DOM JUAN
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/06/quand-deux-hommes-se-battent-pour-une.html

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