samedi 10 mai 2014

Le juif "Süss", histoire d'une vérité inversée, une affaire Dreyfus allemande sans réhabotation (! réhabilitation)

Les personnages dans le film


Les personnages réels : à gauche, Süss Oppenheimer, à droite, son "protecteur", le duc Charles Alexandre de Wurtemberg. http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_S%C3%BCss_Oppenheimer

Un film hideux de propagande nazie qui modifie la réalité d'une histoire vraie ... en l'inversant parfois carrément. Joseph Süss Oppenheimer était un courtisan plutôt dandy (qui certes avait réussi, il plaisait notamment beaucoup aux femmes, ce qui suscitait des jalousies) conseiller et ami du Duc de Wurtemberg, qui paya de sa vie une tentative de celui-ci de retirer aux parlements leurs "privilèges" (à laquelle probablement il n'avait eu aucune part) ; quant aux véritables impliqués chrétiens dans le projet du Duc, ils ne furent jamais inquiétés. A la mort du Duc, Joseph Süss, refusant de se convertir -ce qui lui aurait sauvé la vie- fut pendu dans une cage de fer et son corps exposé durent des années. Au même moment, tous les juifs furent expulsés du Wurtemberg. http://femmesavenir.blogspot.com/2014/05/le-juif-suss-histoire-dune-verite.html

"Le Juif Süss" est un film de propagande nazie* commandité par Hitler et Goebbels au réalisateur spécialiste de ce genre de jobs, Veit Harlan** - lien -. Les personnages : la blonde et jeune "aryenne", naïve et douce, (un peu conne aussi), le fiancé, lui aussi blond et beau, prêt à mourir pour la Patrie et la Justice ; la femme du Duc, une Grace Kelly âpre aux bijoux ; le Duc, bon type débonnaire trop indulgent envers elle, finalement circonvenu par "le" juif.. Et le héros, le hideux Süss, arriviste cruel qui en profite -lorgnant de surcroît entre autres sur la belle- répugnant obsédé sexuel menant la danse avec l'ignoble vieux rabbin difforme.. bref, tout y est.. Sauf que l'histoire doit être prise à l'envers : pour la nécessité du scénar commandité par Goebbels qui vérifiait au jour le jour, d'une victime, on a fait un bourreau.  Le client est roi.
.

C'est en bricolant des images -pour un article sur la honte que subit le racisé, l'exclu.. initiée par le raciste- que soudain je m'aperçois que l'abominable poulet, qui part d'une histoire réelle (ça, c'est connu) ne se contente pas de péjorer le personnage et de dramatiser-modifier le scénar pour en extraire tout le jus antisémite possible requis.. mais EN FAIT, L'INVERSE DANS CERTAINS PASSAGES DÉTERMINANTS, tout bonnement ! et ça, j'en suis sur le cul. Que le cinéma manipule avec de belles (ou laides) images, bien sûr, mais on voit rarement, même dans des œuvres de propagande, un tel cynisme dans la "vérité" ici prise carrément à rebours, y compris dans l'allure et l'âge des personnages.. QUI VA RÉ ÉCRIRE LA VRAIE HISTOIRE? Le racisme (et le sexisme) dans leur manifestation la pire qui soit, la plus traumatisante, celle qui a trait à l'esthétique, aux sens, au "dégoût" que susciterait chez les membres d'un groupe élu supposé pur, beau et moral, un autre groupe supposé damné, laid, puant, répugnant -et cynique-.. le racisme renvoie à la notion de dégouté et de dégoûtant.. et de maffia : pour mériter de plain droit d'appartenir aux "purs", il faut être dégoûté.. et pour être dégoûté, il faut un/e dégoûtant/e (et ce dégoût, il faut le manifester en acte, par exemple en tuer "un" pour montrer patte blanche).. Ce dégoûtant, on va donc le/la promouvoir : les femmes, les juifs, les noirs, les rroms, les pauvres, (les dits "ratés") ou les out siders en général font de bons clients, fidèles, inusables, rassurants.
 http://femmesavenir.blogspot.fr/2013/12/racisme-colonialisme-classisme.html
.

* Que bizarrement j'ai vu il y a des lustres bien qu'il soit interdit, au cours d'une projection débat sur le racisme organisés par des militants PC à Molières sur Cèze, vers ? 50 ? J'avais deux ans environ mais je m'en souviens (ou plus exactement souvenais encore : c'est revenu en visionnant des extraits). 
.
** Le salopard est mort de faim à Sachsenhausen après la guerre, le camp ayant ensuite servi (!) aux alliés pour les nazis, comme l'observe tristement Jorge Semprun ("Le dernier voyage"). Les acteurs par contre n'ont pas été inquiétés, si ce n'est une minime interdiction de jouer quelques années, une claque sur les doigts, pour Leni Riefenstalh, l'actrice réalisatrice favorite d'Hitler, auteure d' "œuvres" de propagandes (un procès lui fut tout de même intenté au sujet d'un film sur les rroms et sintins du camp-vitrine de Theresienstadt.. pour ne pas les avoir rémunérés (!) ni, malgré ses promesses, fait épargner -ils furent tous gazés juste après les rushes du film-).. morte à 102 ans récemment -active jusqu'à la fin, judicieusement reconvertie dans les fonds marins et l'animalier!- qui fut même invitée comme photographe aux jeux Olympiques..


L'histoire réelle
http://stabi02.unblog.fr/2009/11/29/le-juif-suss-nest-pas-celui-quon-croit/
.
Plus précis
http://www.lepoint.fr/culture/2010-02-17/l-incroyable-destin-du-juif-suss/249/0/424954
.
Annexe : le racisme juif ("des juifs et des goys"). Plus tolérable? Non, mais moins acté. 
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/05/la-fin.html



_______________________

L'article d'où est parti cette "découverte". Sexisme, racisme, deux principes identiques : le dégoûté et le dégoûtant : le vagin, le mythe pulvérisé   http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/05/femmes-vagin-la-relegue-pour-cause-d.html
.
LE DOSSIER "Milo Moiré, quand les femmes prennent elles-mêmes leur corps en mains" http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/04/quand-les-femmes-prennent-leur-corps-en.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire