lundi 3 mars 2014

Pervers, pervertis, psychopathologie de masse des groupes dys? fonctionnants, la réaction en chaîne

Analyse d'un crime, sous forme d'une pièce de théâtre ''Othello et Juliette'':


Othello est-il pervers? Oui puisqu'il contourne la vérité, ment, utilise le chantage, harcèle -devant l'évidence de son refus, il ne ''lâche'' pas prise, prêt à y passer le temps qu'il faudra, déployant une énergie meurtrière, donnant même l'impression que, plus elle lui démontre l'importance que celui-ci revêt pour elle, plus il met un point d'honneur à exiger son sacrifice.. voire, pire, qu'au delà de ses exigences, c'est précisément ce sacrifice qu'il se veut offrir.. c'est à dire que son but est sa perte- .. pour forcer Juliette à faire ce qu'elle ne veut pas, arrêter de travailler pour se rendre avec lui à une ''soirée'' où elle perdra son temps, s'ennuira, et au bout du compte, sera humiliée, ce qu'il n'ignore pas. Pervers, oui..

Mais non, parce que paradoxalement, c'est peut être l'amour -ou ce qu'il appelle tel- qui l'y conduit. Peut-être. Un amour fusionnel de sa part, un peu enfantin, dont il redoute qu'elle ne se libère. Elle l'a déjà fait, et n'est revenue que sous conditions. Il a promis, en ces cas il promet tout. Mais ne tient jamais.

Par principe ? Oui, cela le semble. Dans son désir de tenir l'autre sous sa coupe, il se dérobe tout le temps quant à ses engagements quels qu'ils soient, du plus futile au plus important.. Il lui faut un levier, maintenir une pression constante. S'il annonce qu'il va venir à un RV, il ne vient pas.. -ou très en retard-.. ou à un tout autre moment. Il a à faire -lui-. A l'autre d'attendre. Il a érigé sa non fiabilité en valeur absolue. Veut-il ainsi sélectionner parmi les gens ceux qu'il va pouvoir dominer ? Ceux dont il est sûr qu'ils seront ''faciles''? Qu'ils ne l'exploiteront pas? (Il vit dans la crainte qu'on lui a inculquée d'être exploité.)

Lorsque Juliette le quitte, puis consent à revenir sous conditions -un appartement autonome dans leur maison commune- il a l'impression d'avoir, lui, ''cédé'' au chantage. La perverse, selon Othello, c'est elle, qui profite de lui. Une condition est-elle un chantage? Non puisque le but de Juliette est de concilier l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et leurs différences de mode de vie, de culture, d'engagement. Mais Othello le croit. Elle l' ''eu'' pense-t-il. Il ne peut pas la voir différente : pour lui, toute différence est opposition et toute opposition, désamour et humiliation intolérables.

C'est là où, sans forcément l'être avant, il devient pervers. Il cache son jeu -ou il est ambivalent-. Tous les coups sont bons pour la réduire. Pense-t-il retrouver son amour ? A ce stade, son désenchantement, son désespoir sont tels qu'il se contenterait de sa présence, d'un faux semblant pitoyable qu'il appellerait amour. Peut-être, à force.. changera-t-elle. Pervers et candide à la fois, il a deux armes opposées qu'il va utiliser tour à tour et EN MÊME TEMPS. La force et la faiblesse. L'argent : si tu refuses, je ne paierai pas le voyage de Dimitri -leur fils, à qui ils l'ont promis- et la faiblesse -lorsqu'il se dit allergique pour l'empêcher de fumer-. Elle peut être réelle.

Il a depuis longtemps -mais ce n'était pas le cas avant- pris soin de tout verrouiller. Elle n'a aucun accès à ses comptes, ignore ce qu'il gagne, ce qu'il épargne et investit, et c'est elle qui fait bouillir la marmite vaille que vaille avec son seul salaire. De fait, elle n'a aucun arrière. Mais, lorsqu'elle y consent, il se charge des vacances, même coûteuses, la plupart de temps.. dans son pays d'origine. Puis, elle renoncera à l'accompagner, lassée par l'ostracisme dont elle se sent frappée de la part de sa communauté.

Il semble donc être devenu pervers lorsque la crainte qu'elle ne le quitte le tenaille. (Cela, il ne pouvait pas même l'imaginer, étant donné son passé de fils unique adulé par une fratrie exclusivement féminine.) Il est donc devenu pervers.. par déception, par ''amour'', par besoin d'elle.. ou plus exactement d'une femme enchaînée sécurisante. Elle lui a montré qu'elle ne l'était pas, il a voulu la réduire à le devenir. Là, oui, il devient pervers. Il l'engage par exemple dans des frais.. qu'au dernier moment il refuse d'assumer : aux abois, elle sera obligée de quémander puis de faire un emprunt.. Par la suite, elle refusera tout engagement de ce genre -chat échaudé craint l'eau chaude- et il le lui reprochera également -des travaux urgents sont à réaliser-.

Il veut la contraindre ainsi à une sorte de dépendance, de prostitution. Cette relation qu'il tente d'induire, si abjecte soit-elle, le rassure -à sa merci, elle ne l'abandonnera pas-.. c'est du reste un modèle banal de son milieu -dans les deux sens- où on n'en fait nullement mystère. Ainsi son ami David avoue-t-il qu'il a épousé Leila en partie en raison de l'aisance financière qu'elle lui offrait, que son seul travail n'aurait jamais pu lui assurer... la Mama ne cache-t-elle pas les raisons de son mariage avec un homme riche mais âgé et dit-elle, autoritaire et grincheux (sans dot, aucune famille ''honnorable'' -selon ses critères- n'aurait voulu d'elle comme belle fille)... etc

A partir de là, il n'y a plus d'amour mais une relation perverse des deux côtés. Juliette n'a plus le choix, elle doit se défendre -défendre ses enfants aussi-.. et il lui faut user des mêmes armes. Elle est alors peut-être même plus dure encore. Vengeance, après avoir subi humiliations sur humiliations ? Une relation se construit à deux, d'amour comme de haine. Désir de survie? Sursaut d'orgueil ? Elle aussi va l'humilier, fouiller ses blessures, dont la principale est son vide intérieur, son défaut d'assurance, sa crainte d'être exploité et le besoin qu'il a d'elle, comparable à une addiction. Elle aussi alors va se mettre à prix. Ce qu'il redoutait -et qui n'existait pas, il l'a obtenu. Comme le paranoïaque auquel il ressemble, le pervers finit toujours par avoir raison : on lui en veut et le fuit.

Un pervers n'existe pas en dehors d'un contexte, en dehors d'une ou de plusieurs victimes et d'un vécu qui l'a rendu tel, lui-même ayant été victime et formaté par un autre pervers... (pour rendre un animal méchant, on le maltraite) .. tout comme sa victime risque à son tour de le devenir.. La perversion agit comme toute transgression, c'est une drogue et un virus qui, comme les virus informatiques, file et se transmet.

LE DOSSIER 
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/02/pervers-narcissiques-le-dossier.html

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