jeudi 13 février 2014

Femmes battues, un polar social palpitant

 



SECRETS DE FAMILLE OU LES DIABOLIQUES DE LA MAES 

"J’ai presque 66 ans, un bel âge et une existence bien remplie voire exceptionnelle que j’ai décidé de livrer ici dans toute sa vérité.. A quoi bon avoir passé toute sa vie à affabuler, calculer, se composer des rôles au point de ne même plus savoir qui on est.. si le but atteint, vous êtes seul à vous en délecter ? 
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Je suis né pauvre dans un pays pauvre, un village perdu de l’Est, Saint-Doubs, ne riez pas, où les hivers sont rudes, les traditions vivaces, la population illettrée et les routes défoncées. Où on rampe devant le notable et chasse à la trique le chien affamé. De ce malheur, j’ai fait un tremplin. Je les voyais souffrir sans réagir, jérémiades, rodomontades d’avinés. Vivre comme ces larves ? Jamais. Les utiliser? Toujours. Mon modèle ? La star du X qui s’était jurée de ne jamais prendre le métro après un seul essai dans la cohue matinale et s’y est tenue. Elle est devenue quelqu’un, elle a son émission de télé, on la respecte. Mais elle avait d’autres atouts, son physique, son peps. Mais justement, si j’y suis arrivé, tous le peuvent. Voici l’histoire. 
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J’ai peu de charisme oui, quoique l’indifférence aux autres soit aussi un avantage, on est plus libre. Mais moi j’ai Nadège ! A croire que je l’ai épousée pour ça, et je l’ai épousée pour ça. Elle est peuple, de gauche qu’elle dit, et ces abrutis bons à être plumés, plus on les plume plus ils rampent, elle les aide. On n’y a aucun intérêt .. quoiqu’on puisse aussi en tirer profit ensuite, ils sont en dette. Dans la merde, on peut aussi les y mettre puis les en sortir, c'est pareil. Mais ça elle l’ignore. Pas moi. On se complétait. Elle est jolie et futée mais naïve! elle a cru épouser en moi un cador qui possédait toutes les qualités pour monter au "sommet" qu’elle disait et la hisser avec. Ne lui ai-je pas fait croire que je détenais dans une chemise des documents confidentiels du FBI.. puis je les ai oubliés dans le jardin, elle les avait fissa mis au coffre, heureusement sans ouvrir, c’étaient des pages blanches. C’est bien de faire étudier le ménage aux filles, on a de parfaites bosseuses dévotes à l’affût d’un gagnant, si petit soit-il, qui marchent au pas quand elles croient l’avoir ferré. Gagnant ? Oui mais c’était sur elle que je comptais, elle n’a jamais su sa valeur, Nad -du moins au début-. Avec elle,  j’irai loin. Après, je m’en déferai. 
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Je n'ai qu'un CAP. En trimant soir et matin avant et après, la maçonnerie dès huit ans, l'école.. passons. Facile pour les riches. Pas pour moi, un des rares "payeur réduit" de "SJ". Les curés étaient comme ça, tu paies, on te rattrape, tu ne peux pas, tu te démerdes. Pour mes vieux, parlant à peine français, issus d'une misère bien pire, leur rang minable était déjà une promotion ; mais ils étaient ambitieux, ils voulaient que je fréquente la haute, malgré toutes des couleuvres que je devrais avaler car la haute c'est normal, n’aime pas les ploucs. Moi non plus du reste, même que je les hais plus encore que ceux de SJ ne m’ont jamais haï. Ils se contentaient de ne pas me voir. La haute, petite haute, mais justement, pour ne pas être confondus, ils en faisaient des tonnes. Donc à l'école, je n'ai pas réussi. Peu importe, le tout est de le faire croire ou de s'en flatter, ça le fait aussi. Je ne suis pas beau? C'est pareil.
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Elle ne m’a même jamais trompé, Nad! Avec son allure, sa gentillesse, son sens du commerce et sa force, malgré un manque de classe que l'on pardonne aux belles filles, il y en avait sur les rangs. Je l’ai bien eue, sur toute la ligne, un bon début. Même ce vieux beau, un marquis, qui venait en vacances et qui sculptait, belle fortune, fringues chics genre négligé étudié, la classe, il est resté sur le quai. Je ne sais même pas si elle s’est aperçue qu’il était amoureux d’elle. Mon bol d’air pur qu’il l’appelait ! Il faut dire qu’elle bossait dur, debout à l'aube, trois enfants, la maison impec et, pour faire bouillir la marmite, la boutique, les fleurs et le salon, plus les réceptions pour me lancer.. Je ne sais pas non plus si elle s’est aperçue qu’elle aussi était amoureuse de lui. A tout bout de champs, c'était Monsieur de Clerk par ci, Monsieur de Clerk par là, un coup de poignard. Lui, je ne l'impressionnais pas et parfois il démentait mes dires j’en suis sûr, avec une sorte de joie mauvaise. Mes "oreilles", ma lieutenante, je veux dire Coline, bistrote de son état, la seule ici en qui j’avais presque confiance, m’avait rapporté qu’il m’appelait Tartarin ou le Seigneur du crottin. Salaud. "Tu as vraiment eu les documents secrets du FBI…?" m’avait-elle demandé innocemment. Il avait été maître de conf en sciences po à Cambridge, mauvais ça. J’ai dû me justifier. 
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Même lorsqu’elle a grossi, à force de bosser, elle ne faisait plus attention à elle, il continuait à venir sous prétexte de fleurs.. dont il lui faisait cadeau! J’ai pensé les faire couper, là je suis fort, la Malnati qui s'était opposée à mon implantation à Gémont, j’allais polluer la rivière qu'elle braillait, en avait fait les frais. J’avais interdit à Nad d’aller s’y servir, elle m’a obéi, loyale.. et ensuite j’y allais discrétos en chuchotant à la tordue qu’elle n’en dise rien à ma femme, une rancunière, pas moi "je respecte ceux qui parlent net et franc, Madame, même s'ils ne sont pas de mon avis!".. puis je l’ai dénoncée à l’Office de répression des fraudes après que Coline lui ait envoyé une lettre anonyme en imitant l’écriture de Nad. Quelle marrade ! Juste après la visite du fisc, droit chez les flics elle a filé, la gueularde. Nad a dû se justifier. Expertises qui disaient tout et le contraire, ça pourrait être elle, rien de sûr, mais le ver était dans le fruit. Certains se sont méfiés d’elle ensuite, les commerçants. Je me vengeai ainsi de Malnati et creusai un cordon sanitaire autour de Nad, coup double. Car à présent je volais (!) seul et elle me déclassait, trop popu, trop candide -ça pouvait se retourner contre moi-.. quoique de moins en moins au fil des jours -mais cela aussi pouvait se retourner contre moi, elle en savait trop.- Et je visais plus haut... (suite ici.)

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