vendredi 24 janvier 2014

Le sexisme au quotidien. Un troquet à Clamart


L'étape en revenant du bois

Au troquet, un couple est assis devant moi, amoureux. Le mec, blouson et jeans négligé -style vieux rocker fatigué- tient la main de la femme, souriante, bien mise, mignonne, nettement plus jeune. Elle essaie de lui parler. Il n'entend pas : il a un écouteur aux oreilles et de temps en temps marque le rythme avec la tête, l'air enchanté. Elle attend la fin de son extase pour continuer, puis renonce, toujours souriante. Maternelle. Par contre, lui parle. Elle rit. Ça doit être drôle.

Derrière, une conversation à voix haute. Si haute que je me retourne. Une femme de 50-60 ans, fort jolie elle aussi s'adresse à un vieux monsieur -visiblement sourd- assis en face d'elle. Carré dans son fauteuil, il ne bouge pas d'un poil. C'est elle, consciente de déranger, qui doit se pencher vers lui, les mains en appui sur la table. Il a perdu sa carte vitale, elle va l'amener à la sécu pour lui en faire refaire une. Il râle parce qu'il y aura la queue. ''Ce n'est pas grave papa, ça peut arriver.'' Puis, toujours penchée, elle lui expose la vie des albatros, la suite sans doute d'une conversation commencée. Un cours magistral dont tout le monde profite. Intéressant.

Mais entre temps, le mec au blouson s'est levé. Sa compagne suit le mouvement, avec retard. Prise par les albatros et le texte que j'écris au fur et à mesure, je n'ai pu déterminer si la décision de lever le camp était concertée ou unilatérale, et en ce cas -le plus probable- s'il l'en avait au moins avisée. Apparemment non puisque, fébrile, elle cherche ses lunettes sur la table, puis dans sa poche. Lui est déjà dehors. Elle hâte le pas pour le rattraper, trottinant sur des bottes à talon aiguille fort incommodes.

À ma droite, une tablée sympa d'étudiantes devisent cours, partiels. Des khâgneuses, si j'ai bien compris, préparant Norm sup. = pointues. Le serveur les a accueillies par un sonore ''salut les filles!'' Mais à la tablée de quatre jeunes mecs, il a dit : "bonjour Messieurs, ce sera?'' => Khâgneuses ou pas khâgneuses, quatre jeunes femmes attablées seront toujours "les filles". [Peut-être est-ce un hasard. (Les connait-il?)]

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