mardi 28 janvier 2014

Joséphine Baker au Panthéon, OUI Régis!!


Oui, Joséphine Baker (lien) au Panthéon, ça, ce serait un signe féministe fort. Une femme qui, contrairement à ce qui est plus ou moins exigé de nous pour tout honneur, celui-ci étant exceptionnel, n'a non seulement jamais renié mais mis en évidence de manière éclatante sa féminitude ET sa féminité, toutes deux à la puissance ''n'' car noire -en fait, indo africaine, ce qui est pire-, dans l'idéologie sexo raciste de l'Amérique du KKK, elle était doublement femme : femme-indigène, pas vraiment humaine, simple femelle. Dans ce pays né d'un génocide -des siens- dont elle était issue, déjà célèbre pourtant, ne fut-elle pas interdite d'entrée dans un restaurant -elle se battit, elle était athlétique ! et amocha le vigile?

C'est ainsi qu'elle choisit la France. Un pays où ''je n'ai pas honte d'être noire'' disait-elle et à qui ''elle devait tout''. Ce qu'elle eut à coeur de ''restituer'' et là aussi, magistralement, Joséphine, dans l'engagement comme dans l'amour, -sous toutes ses formes!- ne faisait pas dans la demi mesure. (Un de ses amants écrivain disait d'elle que, ''là'' aussi, elle se montrait une ''meneuse de revue'' redoutable, infatigable, sacrée Joséphine !)

Une femme qui osa, à une époque où ça ne se faisait pas, mais pas du tout ! exhiber sans complexe une sensualité joyeuse et vigoureuse avec un enthousiasme.. communicatif. Drôle aussi, sans l'arrogance qui parfois caractérise ceux qui comme elle, ont réussi à triompher de situations humiliantes, injustes. Elle disait à propos des articles dithyrambiques à son sujet que depuis qu'il était l'objet de tels éloges, elle avait tant de respect pour son cul qu'elle osait à peine s'asseoir dessus.

.. Et qui, ''femen'' avant l'heure, sut s'en servir et renverser magistralement l'opprobre ouverte ou discrète que subit tout et surtout toute racisé/e, même talentueux/se : noire, femme, issue d'un milieu proche de la misère, elle surmonta et même retourna ces handicaps -dont un seul eût été dirimant- en sa faveur.. et se servit ensuite de son aura pour lutter contre l'injustice, pour résister à l'occupant nazi, espionnant pour la France libre au risque de sa vie. Qui aurait pu se méfier de cette poupée sexy qui dansait avec une ceinture de bananes à la taille pour tout costume? Décorée ensuite par de Gaulle (de Gaulle! qui ne recevait jamais un divorcé à sa table, avec ''mon truc en plumes''.. camarades, dans un même combat!) elle poursuivit son engagement en adoptant 12 enfants victimes de guerre, du racisme, et du coup perdit son mari (il craqua.. je me souviens plus au bout de combien, peut-être au dixième) et s'y ruina.

Elle en mourut indirectement. Aux abois, sa maison en passe d'être vendue, pour sauver sa nichée, elle lança un appel qui fut entendu. Des chèques affluèrent (de Bardot entre autres) et de Grace de Monaco.. qui lui demanda de réaliser et de conduire un spectacle dans la célèbre cité des plaisirs et de l'argent, ce à quoi, malgré ses 69 ans, elle s'acquitta avec la passion que l'on imagine. Ce fut un triomphe.. et elle mourut juste après d'un AVC sans doute relié à l'épuisement. Mais ses enfants étaient sauvés.

Une femme d'exception. C'est le Panthéon qui serait honoré de l'avoir et non l'inverse.. Et puis quoi, ça mettrait un peu d'ambiance. À côté de la tristounette Marie Curie.

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