jeudi 16 janvier 2014

Filles de machos, les conséquences. Nécessité d'une rééducation à tout âge; le syndrome "ta gueule connasse"





Filles de machos..
.. nous le sommes toutes plus ou moins. Mais lorsque le machisme du père se donne un visage soft et honorable, voire celui du féminisme, nous ne l'identifions pas. [Il se peut aussi qu'à cela s'ajoute d'autres problèmes de rejetance, ce n'est pas incompatible, on peut être à la fois macho et enrhumé, ça n'immunise pas. ] Nous sommes formatées et vivons donc avec l'idée que nous ne valons rien en tant que femmes. Non, plutôt en tant qu'être spécifique car au départ nous ne nous rendons pas compte que nous sommes femmes, ça nous paraît naturel et pas si mal, surtout avant la puberté! -c'est ensuite que nous comprendrons que le mépris qui nous est infligé provient d'une spécificité qui trouve sa source dans nos seins et notre sexe, ce qui sera déjà un progrès malgré tout : on n'est pas la seule idiote, mais idiote comme toutes, pardon, comme beaucoup de femmes-. Mais le père macho n'est pas forcément un beauf inculte, ni un tyran familial, au contraire. C'est là où ça se complique. Il peut être parfaitement soumis à sa femme, ostensiblement dominante (sur tous les plans) voire à sa belle-mère... ou militant pour la paix au Vietnam, en Algérie, syndicaliste impec.. et en général bienveillant envers les noirs, les arabes, les colonisés, les pauvres.. et les femmes aussi évidemment dans le tas ! -enfin, CERTAINES FEMMES, celles qui pour lui ont du poids, que ce poids soit perso ou intello-. Les pistes brouillées, la fille de macho devient souvent à la fois agressive, quasi a sociale, et sans AUCUNE CONFIANCE EN ELLE quoiqu'elle réussisse (par exemple du point de vue scolaire.) Qu'on le veuille ou non, elle aura ou croira toujours avoir QUELQUE CHOSE A PROUVER ET DE SURCROIT A TOUS! (Cela peut inclure les femmes elles aussi.) En un sens, cela peut la conduire à des performances, mais à quel prix!

Par exemple je n'ai perçu que le mépris affiché par mon intello de père envers moi -lorsque j'émettais une idée parfois différente de la sienne ou seulement nuançais un propos- que son mépris donc provenait, non de mon manque d'intelligence ou de culture.. mais tout simplement de ce que c'était moi qui l'exprimais -en tant que femme? En tant que ''moi''? Un peu les deux sans doute car il était naturellement féministe.. un féministe que j'appellerais "spécificié" ou "opportuniste", au sens où les virus sont dits tels lorsqu'ils profitent d'une faiblesse pour attaquer un organisme. Féministe envers son épouse, ses élèves, certaines du moins -en général les plus jolies- mais pas envers d'autres, en général en plus faible position -sa fille par exemple-.... Je n'ai donc compris que le mépris de mon père envers ''mes'' idées et envers moi.. était en fait un mépris sexiste (mettons à 90%).. que lorsque, mon oncle soudain arrivé au milieu d'une ''conversation'' ayant aussitôt émis la même idée que moi, IL L'APPROUVA sans débat comme si ça allait de soi. La même restriction que venant de moi, il avait balancée avec une condescendance appuyée.
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Il y eut deux étapes : comprendre que son mépris visait, non mes idées -en fait, la plupart du temps, j'étais d'accord avec cet humaniste cultivé, bien disant et non dénué d'un sens de l'humour délicat..- mais MOI-MÊME.. puis, qu'il me visait en tant que femme. Ça a pris plus de 20 ans.. et un doctorat de philo pour être bien sûre de ne pas dire de conneries. J'avais besoin d'avoir de la marge; en d'autres termes, pour pouvoir discuter à égalité avec n'importe quel homme y compris non instruit, je me devais de lui présenter au moins une agrégation de philo. Mais ça n'a pas marché -pour mon père-. Car cela alors m'a valu ''ce n'est pas parce que tu as... que tu vas me convaincre que... '' On n'en sort pas.


 Par la suite, la fille de macho apprend à ne plus tendre les bras, surtout à un homme, ni accepter qu'il les lui tende ; elle sait ou croit qu'il ne lui sera pas répondu ou de telle sorte que cela sera pire. Et elle veut éviter l'humiliation d'un énième rejet. Elle risque de s'associer à un homme identiquement rejetant, sur le modèle de son père. Ou d'un niveau intellectuel (ou autre) "inférieur" à elle. Voire accepter les brimades. Elle est formatée. Une rééducation est nécessaire à tout âge. JE SUIS, J'EXISTE, JE VAUX QUELQUE CHOSE, VOIRE MIEUX QU'EUX !!! Se le répéter tous les matins. C'est le syndrome "ta gueule connasse" que certes je n'ai jamais entendu dans mon milieu familial et surtout pas de mon père, élégant à tout points de vue, mais récemment.. et je remercie celui qui m'a ainsi fait découvrir que ce "ta gueule connasse" était en fait la toile de fond de toute mon enfance, quoiqu'évidemment jamais prononcé; les imbéciles sont des gens précieux -mais mon père n'en était pas un.- Un bon signe du reste que cet "argument", si lapidaire soit-il...  qui montre que je m'en suis sortie! 


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