samedi 30 novembre 2013

L'hygiène. De qui accepteriez-vous de laver les culottes ? Ce dont on ne parle jamais.

Suite de "les héros sont fatigués" (lien)



Pas si stupide que ça en a l'air. L'hygiène est un phénomène social et affectif plus que scientifique. Et un prétexte souvent pour nourrir la haine (parfois raciste) en fait première, primordiale. C'est aussi un phénomène animal, familial qui, mine de rien, peut générer dans un couple de graves dissensions. Exemple : un WC bouché qui nécessite de laisser le papier "usé" ailleurs (ici, à ciel ouvert ! lien) dégoûtera davantage une bru nouvellement arrivée que les membres de plein droit du groupe social. Autrement dit, la merde de la soeur, du frère, de la mère dérange moins que celle de la belle fille et vice versa.


J'ai compris cela en arrivant dans la tribu de mon ex. Immense appart autrefois luxueux sans doute, superbe terrasse qui courrait sur toute la façade, salon élégant, tapis de prix etc.. mais en pleine décrépitude. Un rideau penchant dangereusement, une vaste cuisine mais sombre et dans un état piteux.. (L'employée avait coutume de mettre sur le minuscule balcon intérieur donnant sur une petite cour lugubre les provisions d'un côté et les poubelles de l'autre, lesquelles s'élevaient parfois jusqu'à une hauteur impressionnante..) Et donc, problème de chiottes, dont ma belle mère ne se souciait pas plus que ça, le plombier attendrait. Mon ex se trouvait bien, donc moi aussi (enfin presque, disons que je m'abstenais de creuser la question..) Troublée tout de même. Pourquoi ce malaise de ma part refoulé (mal)? Prégnant? Cette répulsion à prendre un bain? Voire une simple douche?

A ma question: "après qui accepterais-tu d'aller aux chiottes sans nettoyer la cuvette?" il me répondis "après toutes" (ses sœurs, nombreuses, et sa mère, seules cohabitantes de la maison). "Et de qui accepterais-tu à la rigueur de laver les culottes ?" idem. J'ai alors réalisé que c'était bien là le nœud du problème, l'irréductible et premier hiatus entre nous : ce n'était pas mon cas.. (mais je l'aurais accepté de ma propre mère ou grand mère, tante sans problème.) Idem pour mes enfants dont non seulement l'odeur ne me gênait pas mais que j'aimais, du moins tant qu'ils furent allaités (ensuite, non.) L'amour ou le désamour d'une personne se manifeste ainsi, en dehors de tout logos (un logos parfois contraire) : par le corps, le dégoût ou la tolérance de ses aléas chez l'autre. Le logos peut mentir, embrouiller, justifier, faire un moyen terme. Pas le corps. Il en va de même pour le désir sexuel, c'est oui ou non, pas entre les deux. Entre désir et répulsion, il n'y a rien.

Trente ans après, séparés depuis des années, le phénomène du dégoût (réel ou joué, peut-être un peu les deux) s'exerce, cette fois contre moi, pour des raisons sans commune mesure (lien.) Une vengeance reliée au passé? (Il a dû m'arriver de protester durement lorsque mes enfants était très jeunes voire de faire un ménage solide -et au fond blessant- avant de les amener chez leur grand mère.) Une attitude de racisé de sa part? issue ou renforcée par sa nouvelle compagne -gentille mais bourge parisienne quasi caricature- qui apparemment vit confort et super clean ? Un tel revirement à 180 ° est suspect et même pathétique compte tenu de ce qu'a été sa vie passée dans son pays.. où il semblait heureux, indifférent à ces détails. (Ce revirement ne l'empêche nullement d'avoir toléré dans une maison de village jusqu'à récemment une fosse septique dysfonctionnante et odorante sise à trois mètres de la table où il mangeait.) Un jeu donc, sans doute. Dont je fais les frais par crises inattendues.

Suivi de "Le dégoûté et le dégoûtant, une histoire de pouvoir"

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