mardi 2 juillet 2013

Le désir des femmes, une mécanique de précision, qui s'enraye pour un rien!



Elle attendait Utter
Ce fut Pécuchet

LES FEMMES ET LE DÉSIR, UNE MÉCANIQUE DE PRÉCISION
Conversation par mail entre un homme R, et une femme, H, après une dispute dramatique et une brève réconciliation téléphonique qui l’a beaucoup émue, elle. Contexte : ils sont séparés depuis 10 ans mais se voient régulièrement et lui, bien qu’en relation avec une autre qu’il dit factuelle, assure la considérer toujours comme sa femme. Il a été question de se revoir à Dijon où il restaure une maison. Elle lui a dit de l’appeler pour confirmer (car son second coup de fil avait été décevant). Le matin du jour J il l’appelle, sans avoir lu ce mail confirmant ses réticences, alors qu'il est déjà arrivé à D. Le voici, ainsi que la suite, révélatrice.
H
J’étais injoignable hier après midi car mon e.phone était déchargé comme d'hab et courses urgentes. Plus nettoyage des deux galeries (!) quelques fringues chics achetées (chez Tati!) pour l'ouverture (médias.. enfin si l'on peut dire) je n’ai pas fini à A. (le jardin) mais presque fini rue D. Dos impec, je suis en train de me rééduquer par l'action physique au début modérée à présent hard... sans ennuis ! Avec un dos en état, c'est fou ce que ça change les choses ! Reste à tronçonner le bois coupé du mûrier qui encombre le jardin, facile à plat (difficile en hauteur) et à ratisser, rien de méchant. Ici les tableaux et les livres se vendent assez bien. La vente n'est pas une question de talent ou plutôt le "talent" est un mixte de circonstances, de lieu, de pub, -essentiel-, de poésie et de personne, -connue ou pas connue, charismatique ou revêche, culottée ou timide, aimable ou arrogante- : on n'achète pas une oeuvre mais un peu de son auteur ou du cadre dans lequel on l'a vue, de l'histoire qu'elle raconte. De désir aussi. Depuis le drame que ns avons vécu, mes hormones il faut croire déchargent à bloc et je peins des tableaux érotiques soft à tire larigot. Pas pour ça, mais ça se vendra.
Pour Dijon, je te confirme que ne sais pas ; le fait que tu y ailles sans doute surtout pour vérifier des travaux, effectuer peut-être quelques finitions, amener des oeuvres etc.. et qu'en somme tu me "prennes" si je veux bien m'y rendre ("au passage", c'est une façon de parler car cela représente 500 KM donc 1000 en tout pour moi) me gêne. Ce n'est pas comme de me proposer de venir exprès juste pour me voir et au moment où moi j'y serai, où moi je voudrais (ou pourrais). M'annoncer "je serai à D tel jour" ne laisse pas d'évoquer les aristos qui, lorsqu'ils invitaient un gus de peu de quartiers, ne voulant avoir l'air de les solliciter, leur faisaient parvenir une carte ainsi libellée "Mme la Marquise de S. sera chez elle jeudi 13 à 5 heures". Ici, on a "Monsieur D. sera à Dijon demain toute la journée". Appelle moi. Blague à part, le jardin ici, c'est quelque chose tt de même, les arbres m'ont gagnée en ces trois ans d'absence, et à présent je ne puis fournir seule, l'élagage est devenu une priorité sinon ils entrent carrément dans la maison.
[…] Il ne faut plus y penser, comme à toi et à ta femme. [Note, en fait il s’agit de sa copine qu’elle croyait comme il l’en avait assurée, juste de circonstance, il l'aimait elle, évidemment.. copine avec laquelle en fait il vit conjugalement depuis 3 ans, ce qu’elle a découvert peu avant, d'où la crise..] Mais la nuit c'est difficile, cela m'assaille en bloc, je peins et ça passe. Et parfois revient. Que je suis bien ici, protégée dans ma galerie! Personne ne vient m'embêter, les clients sont aimables et souvent élogieux, quel confort!

R
Dommage que tu ne viennes pas quand même. On aurait pu discuter de tout cela.  Mais si tu es bien à A. et les clients aimables, alors ....!
Tu ne me parles pas du procès. As-tu abandonné ? Sinon T ne peut pas trouver un vrai avocat? je peux t'aider financièrement pour le payer ! [Note il écrit cela le jour même de la forclusion !]
Bises
  
H
Je n'ai pas dit que je ne venais pas; je t'ai dit de m'appeler avant de partir, tu ne l’as pas fait. Ne nous croisons pas comme d'hab. N'attends pas trop (2 ans la première fois) avant de me perdre définitivement. Le temps perdu.. tu sais la chanson.

R
Je t'ai appelé tout à l'heure ! [Note, mais alors qu’il était déjà parti, comme si la venue d’H. allait de soi.]

H
Oui mais sans avoir tenu compte de mon coup de fil ni lu mon message et je dormais encore, épuisée par le boulot qui du reste m'a tout de même fait du bien moralement... et physiquement ! Tu 'y' étais déjà, ce qui montre que sans moi ou avec moi, tu "y" serais allé de toutes manières, escomptant que peut-être j’allais accourir. Ou pas. A A. je gagne un peu de sous et je me restaure. Les deux. Car rue D je suis bien aussi, je me restaure (ms ne gagne rien, au contraire) ! Tu ne comprends pas les malades, psychiques ou physiques ni les désespérés, ce que je fus durant "these bloody days which had broken my heart, my lust, my life which then depart.." [note, elle parle de sa crise lorsqu’elle a découvert que sa copine était en fait une relation conjugale assumée et non juste une amie de cinéma théâtre expo] c'est justement parce qu'ils n'ont + rien à perdre, (ou que leur temps est compté) qu'ils st parfois capables de TOUT, je dis bien de TOUT.

Cme d'hab, j'ai besoin de ce souffle d'inspiration, de vie, de passion et de poésie, à présent j'y tiens. Je n'éperonnerai pas mon cheval qui n'en peut plus [note, elle est tombée en panne la fois d’avant, de nuit] devant le précipice sans être (presque) sûre (car on ne l'est jamais) que la langue du dragon me portera.

R
C'est vrai car je devais faire avancer les travaux pour préparer le déménagement des oeuvres. Cela ne nous aurait pas empêchés de se voir ! J'y vais. [Il appelle d’un cybercafé et cela lui fait visiblement perdre du temps !] Appelle moi.

H
"Ca ne nous aurait pas empêchés de nous voir", j'adore. Tu me vois en "sus", puisque tu "y" es de par une obligation pérenne... et moi, quittant les miennes, je fonce forcément 500 km profiter de l'aubaine. [Note, lui habite tout près de D.] Et bien tu vois, moi je veux être vue sans empêchements, pour moi même et c'est moi aussi, l'aubaine, mon amour, pas toi ou pas toi seulement. Non mon seigneur et maître, le chien n'est pas encore suffisamment affamé pour saisir un os lancé trop loin pour ses pauvres pattes. Appelle moi si tu veux mais le soufflé est retombé et il en faudra des tonnes, mais alors des tonnes pour qu'il revienne et encore sans garanties, peut-être jamais plus. Sais-tu mon amour? On peut aimer quelqu'un pour une phrase (j'ai aimé P lorsqu'il m'a dit, accablé, à une de mes remarques ironiques sur Kant ; "tu as raison;.. la problème avec toi c'est que tu as toujours raison... mais c'est toute ma thèse à refaire"...) mais on peut aussi cesser de le désirer pour une autre phrase ou un geste (ex le gus, fort amoureux disait-il, j'étais une merveille d'humour, de sagacité, de beauté etc etc.. le paquet, quoi ! qui avant, de baiser ou au minimum de m'embrasser lorsqu'il m'a ramenée à A après un repas chouette un peu arrosé.. a pris soin de vérifier et de noter sur un calepin son kilométrage parce qu'il mesurait la conso de sa bagnole -à son avis excessive par rapport à la notice,- ce qu'il m'a benoîtement expliqué. Pffft.. plus rien soudain, "salut, on se téléphone" et j'ai filé comme un lapin. "Mais qu'avez-vous? J'ai fini, c'est parce que la garantie constructeur etc.." N'étant pas juriste de compagnie d'assurance, je n'ai pas écouté la suite. A-t-il compris? C'était un intello pourtant. (Evidemment pour lui le coup n'a jamais été rattrapé, je l'ai revu au cours d'un vernissage et n'ai pas manqué de lui demander si sa voiture lui faisait toujours des farces inacceptables et si la garantie constructeur l'avait comme prévu dédommagé de l’inexactitude révoltante de la notice.. Il a été tout chose et s'est reconnu mufle.) Avec les femmes, avant l'heure c'est pas l'heure mais après l'heure c'est plus l'heure. 

Des tonnes, j'ai dit, une bague en diamant, une nouvelle voiture fourgon, ou mieux une bétaillère, une réservation dans un 3 étoiles à Marakech, ou simplement à Angoulême voire pire, à St A, pas moins et sans réduction sinon ça ne compte pas, ou encore, mieux mais ça c'est plus dur, attaquer Hollande pour ses forfaitures envers les roms par une baffe retentissante ou l'équivalent avec Cahu ou Dsk.

Autre exemple : tout à l'heure C, qui se dit amoureux de moi, soit, il le montre -relativement- m'appelle comme tous les jours, tout de même en priorité sur le fixe, n'ayant pas de forfait ! Soit. Il m'a appelée ce matin après toi, je lui ai dit que j'étais ici, il m'a dit venir je lui manque etc.. mais le voilà qui me rappelle… sur le fixe ! qui marche mal comme je l'en ai prévenu et non sur le portable. Je ne le prendrai donc pas. Question à traiter : pourquoi la pingrerie est-elle désérotisante et blessante (certains, déjà peu favorisés, n'ont pas besoin de ça !) Cela souffle la flamme du désir, mais pourquoi? J'y penserai en ratissant et refaisant la murette. Au fond les femmes, tellement dévalorisées par la société (un atavisme contre lequel on lutte mais on n'y peut rien) qu'elles ont besoin d'être valorisées, de se valoriser d'une manière ou d'une autre, sont extrêmement susceptibles, comme les racisés en général : qu'un amant putatif mette en balance 3 E pour nous joindre nous confirme notre peu de valeur et surtout la vanité (ou le mensonge) de ce qui nous est affirmé, assené même (je suis exceptionnelle, d'une intelligence et culture phénoménale, je peux aussi bien parler des Vitelbasch que du linkage, de la théorie des quantas, des risques du médiator, des statines et du réchauffement climatique et ma foi c'est vrai..) ça doit être ça. Pour une telle femme, si belle et si fascinante, si calée, et bien, on évite tout de même de raquer 3 E si on peut l'avoir gratos, idéologie bourgeoise bien comprise. Ca fait tout de suite retomber le soufflet. Les putes ont raison de se mettre à prix, dommage, j’ai raté une carrière plus prometteuse que celle d’agrégée de philo qui a 900 E pour vivre.

C'est pire pour toi : j'ai la fâcheuse impression que tu le fais exprès, JUSTEMENT pour faire retomber le désir, qui t'effraie. Je te parle d'Utter Pendragon et tu me réponds plâtre à lisser. mmm... qu'est-ce que c'est érotique, le plâtre à lisser! Ca me met toute chose !


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