lundi 25 février 2013

Marcela Iakub, "féministe", les liaisons dangereuses, d'histoire d'O à Machiavel

Une illustration de "Comment faire un best seller?" (lien)

Voilà quelqu'une qui pose problème. Une femme qui assume d'user d'armes d'hommes et de plus d'hommes politiques c'est tout dire! mais dans un combat féministe. Sympathique pourtant puisqu'elle l'avoue -presque, avec elle tout est dans le "presque"-. Machiavèle à multiples facettes, de Scarlet O'Hara à Histoire d'O. S'y retrouve-t-elle elle même?

Simple comme bonjour : elle séduit un top célèbre Bitissime -lien- [facile, il saute sur tout ce qui bouge] dans une mauvaise passe au cours de laquelle elle le défend.. [sincère? Ou est-ce la première partie du plan? elle ne dit pas tout, pas tout à fait, et le mystère ne contribue pas qu'un peu à son hubris] s'arrange pour tenir quelques mois [après le cul elle sait parler de Heidegger, ce qui réjouit Bitissime qui use habituellement de gibier vite congédié sans même un pourboire] entame donc une li-ai-son.. se laisse prendre au jeu peut-être?... tout en prenant surtout des notes pour le best-seller qu'elle a en vue car depuis le départ, c'est bien son but [unique?].. se ressaisit, un sursaut de dignité, de pragmatisme ? un plan qu'elle suit sans dévier? Mystère encore. Il est trop imbu de lui-même et l'érotisme sado maso, ça va un temps lorsque l'on sait que l'on tient les rênes.. mais zut, bref, elle rompt. Premier objectif atteint 10/10.

.. Et elle écrit son best-seller. A la hache, on a tout dit sur Bitissime, son nom seul fait vendre certes mais il faut trouver mieux, un nouveau personnage, plus dur, ce n'est pas difficile, elle l'a fait parler, a tout engrangé, elle est même allée jusqu'à copiner le temps d'une interview avec Madame Chemin-de -croix qui lui a confié que se faire sucer par une femme de chambre était tout naturel, (l'a-t-elle poussée habilement vers cette fine observation ma chère? Peut-être, peut-être pas. Reste que l'outrance des propos mis à part, sur le fond, ils paraissent plausible.)

De toutes façons, vrai ou faux, aucune importance, elle affirmera par la suite avoir mêlé réalité et fiction, pas moyen de démêler, pas moyen de la prendre en défaut. [Elle est juriste]. Se livrant à une sorte d'introspection à chaud où elle veut tout dire, même le plus honteux [pour elle aussi] afin de se libérer [mmm !] comme elle en a parfaitement le droit, que peut-elle y faire si Bitissime a occupé dans sa vie une place de... poids ? Et sort un bouquin qui, pour ce que j'ai pu en lire, n'est pas nul, dont tout le monde parle ou croit malin de parler, la preuve, même moi. Devenue un archétype en un clic. Deuxième objectif atteint 10/10.

Une femme nouvelle-formule qui peut tout aussi bien écœurer qu'épater. Car elle avoue sa manip -presque-Qu'on se le dise, elle n'est pas la nième victime de Bitissime défilant à la barre mais la guerrière qui va le faire tomber, ça change ! et après la petite Banon [je porte plainte, je porte pas plainte, je ne sais pas, maman m'a dit que..] celle-là, on l'attendait comme Jeanne d'Arc. Après tout, Bitissime, elle ne l'a pas violé ; ce qui lui arrive fait parti des risques du métier, surtout étant donné son personnage, des risques de la position de VIP aussi. A ceux qui l'occupent [et qui en général l'ont passionnément briguée] de savoir discerner l'opportuniste de la sincérité, le manipulateur de l'ami ; manipulateurs, ne l'ont-ils pas été eux-mêmes pour atteindre leur trône? Leurs propres didascalies, ne savent-ils pas les détecter chez les autres? 

Et bien NON, justement, c'est ici ce qui est rigolo; leur arrogance leur joue de sales tours et ça donne le scoop. Elle joue sur du velours, elle va forcément séduire le public, tous les publics... L'arroseur arrosé, ça plait toujours. Ce que l'on n'ose pas faire, ce que l'on n'a pas le courage [ou l'immoralité] de faire, elle l'a fait et le clame. Elle a même dû, comprend-on, accepter au pieu quelques pratiques désagréables voire faire semblant de s'en réjouir. Agent double infiltrée, elle a joué le jeu [un jeu peut-être devenu -presque- sincère] et à fond : se cache-t-on devant une amoureuse aussi éprise qui se soumet, et gratos croit-il (!) à de si pénibles fantasmes? [Pour sa défense, la rouée jure que ce quelle décrit sur le point-cul, le plus crucial, le plus lu, n'est pas tout à fait la réalité.. -mais presque- ajoutant subtilement que parfois pour rendre compte du réel, l'artiste doit l'imaginer, l'inventer -exact-.]  

Imparable: elle s'est servi de l'infatuation même d'un Bitissime qui a trouvé évident qu'une jolie femme de 40 ans sa cadette tombe raide devant lui, infatuation abjecte certes mais ici comique et non dénuée de naïveté... [qui le rend pour le coup presque sympa] de sorte que les rieurs seront forcément de son côté. En somme, ce Bitissime qu'elle prétend "défendre", elle s'est donné les moyens de le faire tomber bien plus profond que toutes les autres et pour son meilleur profit à elle, sans danger. me infatuation chez Madame Chemin-de-Croix, si discrète et si fermée d'habitude sur le sujet qui se laisse candidement aller à lui livrer des confidences malvenues .. ou bienvenues. Une défenseure de son gus, pensait-elle, ne pouvant qu'être une amie ou un agent de com. Pas du tout, ou pas dans le sens qu'elle croyait : agent de com, peut-être, mais à son compte.  Elle ne l'a pas vu venir.

C'est la force de Marcela : sous les sourires et leur patience devant les médias [dont ici ils font partie] les BIT et leur fan clubs qu'elle dézingue et dont elle se sert sans s'en cacher se sont révélés si méprisants envers le quidam qu'ils sont largement haïs ; telle une judoka, c'est leur force qu'elle retourne contre eux et on ne peut que sourire [sans applaudir, personnellement je ne lirai pas le livre, j'ai mieux à faire et j'en sais assez après trois pages], elle ose. 

Bon, et le féminisme dans tout ça? Mais pour elle, il est là! Se servir de tout, même et surtout de bitissimes quitte à payer de sa personne, [la fin justifie les moyens etc..] se débarrasser des valeurs "morales" enfoncées au marteau dans la tête des femmes qui les réduisent à néant, se débarrasser même de la solidarité. Elle dérange, trouble, amuse, exaspère, telle Scarlett O'Hara qui, mourant de faim, fait le serment qu'à tout prix elle sera riche, elle et les "siens", tente de se prostituer [ça ne marche pas] et enfin crève à la tache des forçats [ça marche].. tout en dorlotant au péril de sa vie tous les membres de son clan agglutinés derrière sa crinoline. Résolument à l'opposé des femmes telles que les perçoit et les veut l'idéologie, même l'idéologie féministe, ce mixte de Nietzsche et de Merteuil mais pour la "bonne" cause (?) catharsise nos désarrois et, telle un double inversé, trouble, fait réfléchir. Je n'ai pas de position claire à son sujet autre que de rire, sans doute comme beaucoup, devant un montage si parfaitement calculé et si bien réussi... sans aller jusqu'à lui dire bravo. Quoique.. 

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