mardi 27 septembre 2011

Le cas de Villiers. Une famille de roman édifiant dans le bocage

La vie est un long fleuve tranquille

La victime d'agression sexuelle ne parle que lorsqu'elle juge s'en être "sortie", de quelque manière que ce soit : compagne/on, enfants, aide extérieure, professeur, thérapeute, réussite professionnelle -même minime- etc... c'est à dire lorsqu'elle se sent -relativement- en sécurité, hors d'atteinte, lorsqu'elle pense pouvoir résister sans en être définitivement rompue à la bataille qui va s'ensuivre -et nous allons voir combien elle peut être rude-. C'est un cercle vicieux : pour qu'elle lève l'omerta, il faut qu'elle se sente en sécurité.. chose impossible en raison justement de l'omerta. -Mais il est des miracles-.

Cela explique la rareté des dénonciations. Et la loi qui refuse de punir au bout de quelques années de silence de la victime -comptées après sa majorité- est singulièrement inadaptée. Pas vu ou plutôt pas dénoncé = pas pris, en quelque sorte. Mais comment un enfant, même devenu adulte -mais abîmé- peut-il se battre à armes égales contre un clan, un patriarche qui fait peur -s'il a pu agir impunément, parfois durant des années, c'en est bien le signe-? Qui ne dit mot consent ? Non. C'est ce précepte auquel ici il faut faire justice. Une prime à la manipulation, à la violence, à la peur inculquée. Plus la victime sera faible, plus le bourreau terrorisera le groupe, plus il aura des chances d'échapper: pourquoi se priver ?  Dans le cas d'un enfant contre un parent -et souvent un groupe solidaire comme nous allons le voir-, on est dans la situation extrême. Non, un enfant, même s'il ne "dit mot" -peut-il faire autrement?- ne consent pas. Et son corps n'est pas un "bien" accaparé -un bout de terre par exemple- dont la propriété, au bout de trente ans d'usage, est attribuée légalement par usucapion à qui s'y est installé.




Un fait-divers récent en constitue le paradigme. Dans le cas d'un enfant abusé sexuellement, la peur d'être trahi s'il parle -et le sentiment inculqué que c'est lui qui trahit- ne sont pas sans objet. Lorsqu'ils osent porter plainte, ils se trouvent alors souvent  en butte à leur famille tout entière qui fait bloc contre eux, y compris ceux qui les soutenaient plus ou moins jusqu'alors... taxés de folie, de perversité etc...  L'horreur absolue pour des victimes déjà fragilisées, trahies non pas une, mais deux, trois, dix fois...  Drame dans le drame, il arrive souvent que celui -ou celle- qui mène les troupes contre lui ne soit pas le coupable mais son second couteau -la mère- ou le chef du clan éclaboussé par l'affaire -même s'il n'est pas l'accusé-. C'est la Raison d'état : il est moins dirimant socialement d'avouer un enfant malade mental qu'un mari -frère, fils, cousin...- violeur incestueux. 

Car  le coupable, la plupart du temps le père, étant aussi celui qui fait vivre le groupe et porte son prestige haut et clair, sa mise en exergue voire en détention conduisent à la ruine sociale, économique et affective de tous. Haro donc, non sur celui par qui le scandale est arrivé mais sur celui qui l'a dénoncé. Et cette brutale mise en lumière salit tout le monde, pointant des complicités -actives ou seulement passives- même lorsque l'entourage n'a rien vu et ne pouvait rien voir : un dysfonctionnement  pour le moins, une négligence à la limite de la maltraitance, -ce qui quelquefois n'est pas le cas-... Des  ombres fâcheuses vont désormais à jamais ternir des personnages -souvent volontiers donneurs de leçons de morale-, au dessus de tout soupçon , un étron puant sur une nappe brodée.

La famille de ce politique catho-morale-tradition accusé d'avoir couvert les viols perpétrés par l'un de ses fils à l'encontre d'un autre a réagi exactement de cette manière : c'est la victime qui a été clouée au pilori. Et, bien qu'ici le père n'ait été responsable que de n'avoir pas vu (?) -banal et normal, surtout dans les familles nombreuses- c'est lui qui pourtant a taclé la victime comme s'il était l'accusé, entraînant tout le clan à sa suite. Car ces familles sont souvent des familles-meutes où le dictat du chef fait loi : en contrepartie, il ferraille d'estoc et de taille pour protéger la tribu par tous les moyens... La part du feu : comme tout leader, il va tenter de sauver le bataillon en jouant la carte de la Raison d'état (la politique!) Mieux vaut une injustice qu'un désordre en somme. La troupe suit. Ici, la seule qui a eu le courage de soutenir le plaignant avoue clairement avoir "peur" du patriarche, "comme tous" précise-t-elle. 

Le cas est intéressant puisque là, on a affaire à un professionnel du mensonge et de la manipulation, un homme politique, forcément mieux armé  pour la bagarre -mais la plupart réagissent de la même manière, avec juste un peu moins de brio.-

Savait ? Savait pas ? On est toujours dans le flou. Mettons que celui-ci, trop pris par ses activités, ait tout ignoré. Mais il est souvent des cas limites -le déni n'est pas un vain mot- et parfois l'omerta confine au burlesque. Ainsi cette famille dont le père, le soir, sur le canapé, caressait ouvertement sa fillette devant la télé, au su et au vu de tous... qui prétendirent avec une belle unanimité n'avoir jamais rien su ni vu... tentant d'incriminer la "mythomanie" de la victime lorsqu'elle se décida, longtemps après, à porter plainte. UN seul a fini par craquer : les autres ont suivi. Eût-il résisté, on serait toujours dans le doute : la parole d'UNE seule contre celle d'un clan insoupçonnable ne pèse rien. Notons aussi que subir des maltraitances de ce type -associées à des mystifications: "il ne s'est rien passé, tu délires, il faut te soigner, prendre tes médicaments..."- peut réellement conduire à la maladie psychique ou à une dérive sociale dramatique -la prostitution par exemple- et là le cercle est bouclé: le crime parfait. Qui va écouter un malade mental ? Une prostituée ? Une droguée ? On confond seulement cause et conséquence. (90% des prostituées ont été abusées sexuellement dans l'enfance.) Et un paranoïaque a parfois été réellement persécuté.

LE DOSSIER
http://femmesavenir.blogspot.fr/2009/09/maltraitance-intra-familiale-tous-les.html

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